Les parlementaires sont dans l'expectative et la plupart d'entre-eux considèrent que leur avenir est conditionné par “le caractère du Président”. Depuis la sortie de Miloud Chorfi, chef du groupe parlementaire du RND, qui a évoqué l'éventualité de la dissolution de l'Assemblée, une sortie que beaucoup ont vite assimilée à une volonté de Bouteflika de provoquer l'hémorragie au sein de l'ex-parti unique, les parlementaires sont dans l'expectative. Beaucoup s'interrogent, en effet, si le chef de l'Etat ira jusqu'à recourir à cette solution extrême. Si certains lient le devenir du Parlement à la position qu'adoptera le parti majoritaire vis-à-vis des ordonnances présidentielles, d'autres, en revanche, invoquent l'argument du dialogue envisagé entre les autorités et le mouvement des archs. “Bouteflika pourrait dissoudre l'Assemblée pour donner un gage de sa bonne volonté de trouver une issue à la crise en Kabylie, d'autant que parmi les revendications des archs, la dissolution de toutes les assemblées fantoches, comme ils les appellent”, fait observer un parlementaire. Une éventualité que n'exclut pas un autre député du FLN, mais qui ne manque pas d'avancer l'argument des conséquences d'une telle décision. “La Constitution lui confère la prérogative de dissoudre l'Assemblée. Il peut toujours trouver des arguments, comme par exemple dire qu'elle n'est pas représentative, mais une dissolution signifie inévitablement entraîner le pays dans une crise institutionnelle et remettre ainsi en cause toute la construction de l'édifice institutionnel”, affirme-t-il. Même un éventuel rejet des ordonnances, un enjeu que semble avoir saisi le FLN, ne doit pas constituer, à ses yeux, un argument valable. “Il n'y a aucune disposition juridique qui empêche à un député de rejeter une ordonnance”, dit-il. “Tout dépendra de l'attitude du FLN. S'il s'inscrit dans l'opposition, Bouteflika pourrait être amené à dissoudre l'Assemblée”, soutient pour sa part un député islamiste. Dans ce contexte, il est utile sans doute de préciser que Benflis va tenir une réunion dans les prochains jours pour donner certainement des instructions à ses députés concernant la position à adopter par rapport aux ordonnances présidentielles. Mais, tous s'accordent à dire que le sort de l'Assemblée est en vérité intimement lié au tempérament du Président. “Vous savez, c'est un homme imprévisible. Il peut décider à tout moment de la dissolution de l'Assemblée”, fait remarquer un ancien député. Comme si la menace ne suffisait pas, des rumeurs que distillent sournoisement les dissidents du FLN font état de l'existence d'une pétition pour destituer le président Karim Younès. “C'est un non-sens. Il a été élu pour cinq ans”, soutient un député du FLN. Cette pétition, dont on n'a pas pu vérifier l'existence, aurait recueilli 130 signatures. Le RND et le MSP ne sont pas convaincus de cette démarche. “Ce ne sont que des écrits de presse”, affirment deux parlementaires de ces deux formations politiques. À l'exception d'une démission, rien, en effet, n'est prévu sur le plan juridique pour cette procédure. Hier, aux alentours de 14 heures, des bruits ont circulé dans les travées de l'Assemblée quant à l'imminence de l'organisation par Karim Younès d'une conférence de presse. D'aucuns avaient vite conclu à sa volonté d'annoncer sa démission. Finalement, il ne s'agissait que d'une rumeur. Bref, c'est une véritable veillée d'armes à l'Assemblée depuis cette fameuse sortie du chef de groupe du RND. K. K. L'Union Nationale de la Jeunesse Algérienne (UNJA) rompt son silence L'organisation de jeunesse soutient Benflis Dans un communiqué rendu public hier par son secrétariat national, l'Union nationale des étudiants algériens (UNJA) tient à se démarquer des pressions et harcèlements que subit la presse privée. Dans ce communiqué, l'UNJA rappelle son attachement aux libertés collectives et individuelles et son soutien à la famille de la presse algérienne dans son combat continu pour la liberté d'expression. Elle estime que ces pressions et intimidations contre la presse constituent une dérive dangereuse. On relève également, et pour la première fois de la part de cette organisation, une prise de position vis-à-vis de la crise qui secoue le FLN. Il est souligné une absence de dialogue constructif et une transgression des lois de la République, dangereuses pour les acquis démocratiques. Dans ce document, il est fait appel à toutes les institutions de la République et à la classe politique à se déterminer et à prendre leurs responsabilités historiques pour éviter à l'Algérie d'autres malheurs et préserver le caractère sacré de la Constitution. On comprend par-là que l'UNJA se range du côté des “légitimistes” du FLN. R. N.