En clair, la démarche du Premier ministre, découlant de ce qui est communément appelé “patriotisme économique”, obéit à un seul credo : asseoir d'abord l'économie nationale avant d'ouvrir grandes les portes au capital étranger. Ahmed Ouyahia se présentera jeudi devant le Parlement pour rendre compte du travail de son équipe et aussi expliquer le contenu et les objectifs du nouveau plan quinquennal. Deux en un, en quelque sorte. Dans le document intitulé “Déclaration de politique générale”, construit comme un ouvrage pédagogique, le Premier ministre insiste sur tous les détails de sa démarche quant à l'exécution, durant 18 mois (année 2009 et 1er semestre de l'année en cours), de son plan d'action pour mener à bon port le programme présidentiel. Dans la seconde partie, le document porte des projections sur le nouveau programme 2010-2014. Entre les deux, la transition marquée par les correctifs apportés par les deux lois de finances complémentaires. Correctifs et droit de réponses aux nombreuses critiques et remarques quant à certaines dispositions perçues comme coercitives par les investisseurs étrangers, surtout eux. Chiffres de la Banque d'Algérie à l'appui, il ressort que les investissements hors hydrocarbures n'ont pas été très perturbés par la nouvelle réglementation pour la simple raison que la plupart étaient orientés sur “une spéculation déloyale”. En clair, la démarche du Premier ministre, découlant de ce qui est communément appelé “patriotisme économique”, obéit à un seul credo : asseoir d'abord l'économie nationale avant d'ouvrir grandes les portes au capital étranger. L'assise de cette économie passe par une restructuration des entreprises publiques démantelées et laissées à l'abandon, par une mise à niveau des PME-PMI et un arsenal de textes censés protéger la production nationale. L'objectif, selon le Premier ministre, serait d'arriver, à l'horizon 2014, à une part de 10% pour l'économie nationale, hors hydrocarbures. Dans l'absolu, c'est bien. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Quid du capital privé national ? Par leurs efforts d'investissement en Algérie, des hommes d'affaires algériens ont montré leur patriotisme économique en dépit de multiples embûches et blocages qui sont leur lot quotidien. Créateurs de richesses et d'emplois, ils méritent égard et respect. Ce n'est malheureusement pas le cas. Pour preuve, dans le document, il n'y en a que pour les entreprises publiques, et point de place pour leurs homologues privées, hormis les PME/PMI concernées par une mise à niveau. Continuer à tourner le dos à ces pionniers de l'économie de marché, c'est aller à contre-courant de la mondialisation. Les avoir comme alliés, c'est un signe de bon sens mais aussi d'ouverture. Et ceci est primordial dans une région économique vierge, porteuse et stratégique. Nos voisins l'ont compris eux qui tentent de profiter de nos tergiversations en la matière. C'est encore jouable aujourd'hui. Demain, ce sera trop tard. O. A. [email protected]