À compter de 2013, les importateurs de médicaments devront se lancer dans la fabrication et la production pharmaceutiques. Ce sont les dernières mesures annoncées par M. Ould-Abbès, ministre de la santé, de la population et la réforme hospitalière, afin de réduire la facture du médicament et la dépendance de l'Algérie des pays étrangers dans ce domaine. C'est donc un délai de deux ans qui a été donné aux importateurs. Du côté du ministère de la santé, cette mesure est tout à fait réalisable et l'Algérie peut même atteindre une production de 70% de ses besoins d'ici 2014. Mais qu'en est-il des professionnels du médicament ? Est-il possible d'atteindre cet objectif ? Quels sont les principaux problèmes qu'ils rencontrent sur le terrain ? Les professionnels du médicament disent adhérer à cette proposition du ministre. “Unanimement, des fabricants locaux — ceux qui fabriquent à partir de la matière première — adhèrent, sans aucune réserve, à ce défi. Mieux encore, nous sommes attachés à trouver les mécanismes qui permettront de réaliser ce projet”, a déclaré, hier, le Dr Djebbar, président du Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP), joint au téléphone. Il explique que ce genre de projet est réalisable et argumente en donnant l'exemple de nos voisins marocains et tunisiens qui sont arrivés à une couverture médicamenteuse de 55% à 80%. Tout comme les représentants du SAIP, l'Unop, le Snapo et l'Association des producteurs ont mis l'accent sur les problèmes rencontrés au niveau de l'enregistrement, du remboursement et de la distribution. Il est également important, selon ces organisations, d'instaurer la responsabilité pharmaceutique et d'assurer un contrôle des unités. Ils ont ainsi exigé la mise en place d'une politique du médicament. Le Dr Djebbar estime que pour arriver à la réalisation d'un taux de 70% de production d'ici à 2014, il faut commencer par régler certains problèmes. De ce fait, il suggère d'écourter à un mois les délais d'enregistrement des médicaments fabriqués localement. Selon lui, cette proposition permettra d'alléger la procédure et d'encourager les fabricants locaux à élargir rapidement leurs gammes de production. Actualiser la nomenclature une fois par an et mettre en place un comité de suivi désigné par un arrêté du ministère de la santé sont deux autres points importants, ajoute-t-il, pour aller vers la concrétisation du projet du ministère. En matière de remboursement des médicaments locaux, le SAIP propose que tous les médicaments fabriqués localement soient remboursés afin de stimuler la création d'entreprises de production. Concernant les prix de vente au public, il suggère l'abandon du tarif de référence pour la production locale afin d'inciter les fabricants à l'élargissement des gammes produites localement et à l'investissement productif. “Quant à la production locale, il est important de ne pas la mettre sur un pied d'égalité avec les multinationales qui disposent d'une force de frappe très forte en matière de quantités produites et de coûts”, a-t-il conclu. Il signale que toutes ces propositions ont été faites, samedi dernier, au ministre. Ce dernier avait promis, rappelons-le, de régler certains problèmes liés aux professionnels du médicament. Il sera question, a-t-il dit, en premier lieu, de débloquer tous les produits (matières premières) en attente de dédouanement, de revoir les dispositions concernant l'enregistrement des médicaments justement pour les producteurs nationaux, de multiplier l'organisation de rencontres avec les professionnels afin de réfléchir à la mise en place de mécanismes pour la gestion et la distribution des médicaments.