La défense des accusés, dans une affaire de collecte d'argent au nom d'un groupe terroriste sous la menace, a estimé que “la victime absente à l'audience, qui n'est autre qu'un terroriste repenti, devait elle aussi comparaître devant le tribunal et justifier d'abord la source de sa richesse soudaine”. En effet, l'accusé T. A. S., âgé de 26 ans, fils d'un terroriste abattu, a comparu jeudi devant le tribunal criminel près la cour d'Alger en compagnie de son oncle T. A., pâtissier de son état, lui aussi, accusé, et ex-terroriste qui a bénéficié des mesures de la Concorde civile. Ils étaient poursuivis pour adhésion à un groupe terroriste, collecte d'argent sous la menace, détention d'arme blanche et de CD subversifs. Les faits remontent à l'année 2006 quand le jeune T. A. S., résidant à Aïn Tedles, Mostaganem, s'est déplacé à Alger chez la victime H. T., un ex-trésorier du GIA et ami du père de l'accusé qui était un ex-“émir” du GIA avant d'être abattu en 1993. L'accusé a demandé à la victime une somme d'argent pour “se marier”, selon ses déclarations au cours de l'audience présidée par le juge du tribunal criminel, Omar Belkherchi, et qu'effectivement, il ne connaissait pas la victime et qu'il ne l'a jamais rencontrée ou vue. Seulement, c'est son oncle paternel qui l'a informé qu'il était l'ami de son père et qu'il détenait une somme d'argent appartenant à son défunt père et que la victime s'est rendue aux services de sécurité après avoir amassé le butin et réussi à investir cet argent du GIA dans l'immobilier et le commerce à Alger-Est, Chéraga et autres, selon toujours ses déclarations. Le repenti victime, qui a reçu le jeune chez lui et a fini par lui donner la somme de 4 millions de centimes en lui promettant de lui verser d'autres sommes, lui fixa un rendez-vous, mais il fut surpris par une souricière des services de sécurité suite à une plainte déposée par le repenti, qui a déclaré au juge d'instruction que le jeune T. A. S. l'a contacté par téléphoné et l'a menacé de mort s'il n'aidait pas financièrement la djemaâ (le groupe) ; il était venu en tenue afghane et du khôl aux yeux, ce qui a suscité la colère de son avocate qui a répondu à cette accusation. “Est-ce que le fait de porter une tenue afghane et mettre du khôl est une preuve d'adhésion aux groupes terroristes ? Ou parce que simplement mon client est le fils d'un terroriste de surcroît abattu ?” L'avocate n'est pas allée avec le dos de la cuillère en affirmant que le repenti, la victime, devait être poursuivi “et non mes clients”. Elle a insisté sur le fait qu'on ignore l'identité du groupe terroriste dont on parle, quant aux CD saisis, “il s'agit de chants religieux”. Le deuxième accusé, un terroriste repenti, a révélé qu'il avait transporté son frère chez un ex-“émir” du GIA à l'ouest du pays avec le trésorier au niveau des frontières ouest. “Ils ont ramené deux terroristes étrangers ainsi qu'une somme d'argent dépassant les 380 millions de centimes.” C'était en 1993 qu'il a demandé, selon lui, au trésorier de remettre une somme de 100 millions à sa femme pour qu'elle puisse acheter un appartement, mais ce dernier a accaparé le butin pour lui seul après la neutralisation de l'“émir” et s'est rendu aux services de sécurité où il s'adonna au blanchiment de l'argent du terrorisme. Les présents dans la salle ont suivi attentivement cette affaire tout en commentant qu'il s'agit au fait d'une affaire de “chkara”. Le repenti accusé a reconnu avoir informé son neveu de la “trahison” de l'ex-trésorier du GIA qui détient l'argent de son père et a déclaré devant la justice qu'il avait déjà contacté la victime pour qu'elle lui rende l'argent, en vain. Le représentant du ministère public a requis huit ans de prison ferme. Après délibération, le juge condamna les deux accusés à quatre ans de prison ferme, une peine déjà purgée puisqu'ils étaient détenus depuis juin 2006.