Nous avons décidé de vous faire connaître ce village, lequel jadis fut appelé “douar” tellement il était minuscule, par sa taille et non par la grandeur de ses hommes et femmes, car il fut le théâtre de pas mal de grands événements historiques… Nous avions été cordialement reçus par le président de l'APC du village de Zeddine, en l'occurrence M. Belhadj Djilali Mahdi, qui a bien voulu nous parler des différentes étapes qu'a dû traverser la région, en général, et sa commune en particulier. La commune de Zeddine est située à 30 km au sud-ouest de Aïn Defla, chef-lieu de wilaya. Sa superficie est de 82 km2, sa population de 13 000 habitants. Sa vocation est l'agriculture et l'élevage ovin et bovin. À l'est du village, se trouve un barrage qui alimente en eau, la commune de Zeddine, et irrigue les terres agricoles des communes voisines. La wilaya de Aïn Defla est devenu la championne de la pomme de terre ces dernières années. Ce même barrage va être agrandi d'où la nécessité de déplacer les habitants du Vieux-Zeddine vers le nouveau, situé sur les hauteurs, traversé par l'autoroute Est-Ouest. Donc, le Vieux-Zeddine va être détruit pour agrandir le barrage, pour emmagasiner plus d'eau, pour augmenter les surfaces irrigables… Zeddine aspire, aussi à être raccordé à l'autoroute Est-Ouest, pour assurer son développement et celui des cinq autres communes, Zeddine, Rouina, El Maïne, Belas, El Hassania et Bathia. D'ailleurs un écrit avait été adressé à M. le wali, le 17 mai 2009, ainsi qu'un autre à M. le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul. Pour le moment, nous devons soit sortir de l'autoroute, à Bourached, pour ensuite rejoindre Zeddine et ces autres communes, soit prendre celle d'El-Attaf puis revenir sur ces communes, et par la suite, emprunter des routes étroites et sinueuses. Ce qui ne facilite ni les secours ni le développement. Un accès à l'autoroute est primordial, je dirais même vital au développement de la sous-région et des six communes. Cette région a tant souffert par le passé en raison de la barbarie du colonialisme français. La région a perdu 126 martyrs, morts au champ d'honneur pour qu'aujourd'hui nous soyons libres et indépendants, parmi eux Melouk Mohamed “mouhafadh politique”. Les moudjahidine encore vivants se rappellent cette douloureuse période. Puis, vint le terrorisme des années “1990” où cette région a payé un lourd tribut. Elle a beaucoup souffert durant toutes ces années noires. Dans cette commune s'était tenu un important et historique événement. Le comité central élargi du PPA/MTLD, en décembre 1948, destiné à renforcer l'OS (l'Organisation spéciale) en vue de la préparation de la lutte armée contre l'occupant et à mettre en pratique les techniques d'entraînement, maniement d'armes et explosifs, pendant une semaine. Cela s'était tenu dans la ferme des parents de Belhadj Djilali, dit “Kobus” qui était membre de l'état-major de l'OS, chef du département Alger 2, instructeur militaire et inspecteur général. La raison du choix de ce site, c'était un endroit isolé, perché en haut d'une colline, avec une vue imprenable, difficile d'accès, accessible seulement par des sentiers aussi sinueux que dangereux. D'après les deux responsables concernés, à savoir Belhadj Djilali et Hocine Aït Ahmed, avaient estimé que pour le parachutage des armes dans l'éventualité du soulèvement, ce site serait un siège idéal pour l'état-major de l'OS. Etaient présentes une cinquantaine de personnes, dont tous les membres de l'OS, excepté Mohamed Boudiaf, chef du département de Constantine. L'état-major était composé comme suit : - chef d'état-major : Mohamed Belouizdad, -adjoint au chef de l'état-major et responsable de la Kabylie : Hocine Aït Ahmed, -chef du département de Constantine : Mohamed Boudiaf. -chef du département d'Alger 1- (Alger, Mitidja et le Titteri): Djillali Réguini. -chef du département d'Alger 2- (Dahra et Chlef) Abdelkader Belhadj Djilali -chef du département d'Oran : Ahmed Ben Bella. Trois ont étés choisis pour leurs compétences militaires : Belhadj Djilali, Ahmed Ben Bella et Mohamed Boudiaf. Belhadj Djilali s'était également occupé de la préparation de la documentation nécessaire à l'instruction militaire de la formation et de l'inspection générale. C'était un ancien aspirant de l'école des élèves officiers de Cherchell.À la suite de la réunion de Zeddine, le nombre des membres est passé à 31, présents en décembre 1948, dont Messali Hadj, Mohamed Khider, Mohamed Belouizdad, Benyoucef Ben Khadda, Ahmed Ben Bella, Amar Ould Hamouda. Ce site est aujourd'hui à l'abandon, la ferme fut détruite, les arbres arrachés, il ne reste que deux caroubiers, qui tiennent tête au temps et surtout aux destructeurs de la nature et de l'histoire. Il ne reste presque rien… que les roches et pierres qui ont constitué les murs de cette ferme historique. Tout ce que les habitants et les moudjahidine de cette région veulent est que cet endroit soit reconnu, réhabilité, comme un site historique, pour que les jeunes et les futures générations se souviennent que ce “douar de Zeddine” a été le théâtre d'une rencontre historique, celle des responsables de l'OS, en décembre 1948. Le président de cette APC, la population et ses moudjahidine souhaitent inviter les personnalités encore en vie, qui avaient participé à la réunion du conseil élargi de l'OS, à venir organiser un séminaire sur ce site, qu'il soit reconstruit et qu'une plaque commémorative y soit installée. Cela devrait faire partie de notre histoire dont on est très fier ! En attendant, nous comptons soutenir la demande de la commune de Zeddine, qui consiste à la “connecter” à l'autoroute Est-Ouest, et ainsi aider à son développement et à réduire la pénibilité du transport de cette population qui n'a que trop souffert. Et que cette population, partie intégrante de notre belle Algérie puisse enfin vivre comme le reste du pays, son histoire dans la modernité et le développement ! Y. B. M. Pour vos réactions, envoyez-les au : e-mail : [email protected]