De cette période, Alger a gardé une certaine rancœur à un FMI usurier, qui se plaisait à appuyer sur la plaie de la décroissance et qui empruntait au compte-gouttes à un gouvernement qui, malgré la terreur, frôlait la cessation de paiement. Il y a tout de même quelque chose de cocasse dans la venue de Dominique Strauss-Khan (DSK) en Algérie. Le patron du FMI, architecte le plus en vogue du système financier international le plus décrié, arrive dans une Algérie prospère — par ses prix du pétrole — mais toujours aussi méfiante à son égard. Il semble loin le temps où l'Algérie était, selon l'expression consacrée et galvaudée, “sous les fourches caudines du FMI”. L'époque d'une Algérie exsangue financièrement, proche de la banque- route et qui a su honorer les services de sa dette auprès du FMI qui n'avait que faire du fait qu'on affrontait la menace terroriste sans émouvoir un seul fonctionnaire de Washington. De cette période, Alger a gardé une certaine rancœur à un FMI usurier, qui se plaisait à appuyer sur la plaie de la décroissance et qui empruntait au compte-gouttes à un gouvernement qui, malgré la terreur, frôlait la cessation de paiement. Quinze années après, Bouteflika est passé par-là et il faut lui rendre crédit (sans jeu de mots) de son empressement prioritaire à honorer la dette qui s'élevait alors à près de 34 milliards de dollars. En un temps record, cette dette a été réduite à sa plus simple expression — 4 milliards de dollars — ; performance qui a cloué le bec à certains financiers du FMI qui voyaient un “client” leur échapper. Depuis, le FMI se complaît en satisfecit et observe la croissance du PIB avec un intérêt certain pour la cagnotte algérienne des réserves estimée par ses soins à 172 milliards de dollars. Le contentieux financier ayant été réglé, l'Algérie étant sortie d'affaire, pour l'instant, diront les sceptiques, le FMI se contente de suivre un pays qui possède la particularité d'être un véritable paradoxe économique : un pays riche en liquidités et en ressources naturelles, en pleine crise financière, qui voit la consommation des ménages flamber et une croissance stable, mais qui demeure réfractaire à l'investissement étranger, à l'inflation en légère augmentation, le recours zélé à l'importation et la politique “socialisante” de la subvention du prix du lait ou du blé. Des facteurs qui ne font de nous, ni un “pays émergent”, malgré les investissements dans les infrastructures, ni un pays en difficulté. Le FMI nous a catalogués parmi les “bons élèves” durant deux décennies alors que nous, nous avons toujours été un “élève turbulent”. M. B.