Des livres vendus. Des conférences, tables rondes et ventes-dédicaces. Une grosse affluence. Des commodités améliorées. La 15e édition du Salon international du livre d'Alger est arrivée hier à terme. Les grandes bâches du chapiteau, dressé au niveau du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf, se sont abattues annonçant la fin de cette joute livresque qui a tant charrié de polémiques et de controverses. Pour rappel, le Sila 2010, avant même de démarrer, avait suscité l'intérêt de l'opinion publique avec l'épisode de la participation ou non des éditeurs égyptiens à ce rendez-vous culturel. Il y avait aussi le président du Syndicat national des éditeurs du livre qui est monté au créneau décriant, encore une fois l'emplacement du Sila… Si tout était au départ dans l'expectative, le 26 octobre dernier, aux environs de 11h, tout est entré dans l'ordre avec l'inauguration “expéditive” et “éclair” de ce Salon par le président de la République. Si au lendemain de cette inauguration, certains éditeurs nationaux se sont plaints de la disposition des stands et d'autres imperfections, à la veille de la clôture de cette 15e édition, ce qui était au départ des avis mitigés, est devenu unanime. Tous ceux que nous avons apostrophés considèrent que le Salon du livre de cette année est meilleur que celui de l'an dernier. Dans ce sillage, le commissaire du Sila, Smaïn Améziane, qualifie l'édition 2010 de “réussite totale”, et ce, sur tous les plans : organisation, affluence, contenu… : “Nous avons reçu un peu plus de monde que l'année dernière. L'an dernier, à la clôture, ils étaient 150 000 visiteurs. Cette année, nous ne sommes pas loin des 200 000.” Un chiffre qu'il considère comme un record “très important”. Sur le plan de l'affluence, organisateurs et exposants n'en démordent pas, c'est positif. Pour Selma Hellal (Barzakh éditions) : “L'enthousiasme du public est une gratification incroyable. Les gens sont assoiffés, en demande, sont massivement au rendez-vous, et cela, on ne le dira jamais assez, est une source de satisfaction et d'espoir pour nous, éditeurs”. Yasmina Belkacem (Chihab éditions) : “Le public est toujours au rendez-vous, en grand nombre. C'est encourageant parce que si on a des moments de doute ou de découragement, là on est rassuré, les Algériens s'intéressent au livre, à ce qui s'écrit et se publie ici.” Même topo pour Hamida Zouioui (Enag) qui affirme que “cette année, il y a eu beaucoup de monde”. Karim Chikh (Apic) et Bachir Mefti (El Ikhtilef) établissent le même constat. Quant à l'organisation, Smaïn Améziane affirme qu'elle est nettement meilleure que 2009 parce que “nous avons eu le temps de se préparer cette année”. Les erreurs du passé ont été tenues en compte et évitées. Même la ministre de la Culture, Khalida Toumi, lors de la conférence qu'elle avait animée sur le livre et la lecture publique, avait déclaré qu'il n'y avait rien à reprocher au Sila 2010. Allant dans le même sens, le chargé de la communication du Sila, Abdallah Benadouda, dresse aussi un bilan positif. Selon lui, outre la réussite dans l'organisation, “le programme d'animation a été à la hauteur avec des invités algériens de renom, mais également étrangers de qualité”. Toutefois, cet avis n'est pas partagé par tous. Selma Hellal considère que “les conférences n'ont pas toujours fait l'objet de choix judicieux”. Et d'expliquer : “Certes, il est important d'avoir des têtes d'affiche, mais on peut se demander s'il est très pertinent de concentrer tous les efforts médiatiques et de déployer mille stratégies pour avoir comme invités Georges Corm ou Patrick Poivre d'Arvor, quand des auteurs de littérature (très respectés dans le monde arabe) comme Abdou Khal ou Saadi Youssef ont été négligés – ce qui a eu pour résultat, d'ailleurs, de les dissuader de venir. Ce qui est très dommage. On avait un peu le sentiment que les tables rondes littéraires étaient le parent pauvre.” Karim Chikh (édition Apic) va dans le même sens, mais dans un autre registre. Il constate que les quelques rencontres organisées dans les espaces intérieurs (stands des éditeurs) ont connu une affluence considérable, d'où, selon lui, “organiser des rencontres à l'intérieur c'est beaucoup plus intéressant”. Autre réussite de ce Sila, le stand Esprit Panaf qui a connu un franc succès. Concernant le bilan de la Suisse, pays à l'honneur de cette 15e édition du Sila, M. Benadouda ne cache pas son satisfecit : “Des contacts ont été établis entre professionnels suisses et algériens pour capitaliser cette expérience, créer des passerelles et concrétiser tout cela par des échanges réels en matière de circulation de livres entre la Suisse et l'Algérie.” À rappeler que les livres religieux, parascolaires, dictionnaires, d'histoire et les romans classiques constituaient en général les plus grosses ventes du Sila. Globalement, cet événement a permis aux lecteurs algériens de découvrir des auteurs d'ailleurs, de s'ouvrir sur l'autre et permettre l'échange.