Dans un discours prononcé à l'occasion du 35e anniversaire de la “Marche verte”, le souverain alaouite a durci sa position en affirmant qu'il faut “trouver une solution à ce différend régional artificiel, sur la base de l'Initiative d'Autonomie”. La troisième session des négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario sur l'avenir du Sahara occidental, qui débute aujourd'hui sous l'égide des Nations unies, dans la banlieue de New York, n'a que très peu de chances d'aboutir à une avancée tant la partie marocaine campe sur sa position, rejetant catégoriquement de discuter de toute autre proposition que la sienne, à savoir l'autonomie. En effet, juste avant la reprise des contacts entre Marocains et Sahraouis, Mohammed VI a écarté toute possibilité d'aboutir à une “solution négociée mutuellement acceptable”, telle que demandée par les dernières résolutions du conseil de sécurité des Nations unies en affirmant dans un discours célébrant le 35e anniversaire de la “Marche verte” que Rabat n'acceptera de discuter avec le Front Polisario que sur la base de son plan d'autonomie. Voilà un durcissement de position qui favorisera le statu quo alors que l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, l'avait qualifié d'“intenable” lors de sa récente tournée dans la région. Sur un ton intransigeant, le monarque annoncera que “le Maroc poursuivra sa coopération sincère avec le secrétaire général des Nations unies et son envoyé personnel, en vue de trouver une solution politique définitive à ce différend régional artificiel, sur la base de l'Initiative d'Autonomie”. Voilà un niet catégorique qui compromet les chances de trouver une solution sur la base des résolutions onusiennes, lesquelles se fondent sur l'exercice du droit à l'autodétermination du Sahara occidental. En effet, l'espoir naît de la dernière visite de l'émissaire de Ban Ki-moon dans la région s'évapore. N'ayant plus d'arguments à faire valoir pour imposer son point de vue, Mohammed VI s'en est de nouveau violemment pris à l'Algérie en la désignant source de tous les maux. Dramatisant la situation des réfugiés sahraouis à Tindouf, qu'il qualifie soudainement de “fidèles sujets” après les avoir ignorés pendant plus de trois décennies et demie, le roi du Maroc crie au loup dans la bergerie en interpellant “la communauté internationale et des organisations des droits de l'homme”, qu'il accuse d'afficher “tant d'indifférence et de complaisance face à la persistance d'une situation juridiquement saugrenue, humainement dramatique et politiquement inacceptable”. Amnésique ou ayant la mémoire courte, le souverain alaouite feint d'oublier que ces réfugiés sahraouis ont fui la tyrannie de son père, le roi Hassan II, qui les avait soumis aux pires sévices pour avoir refusé de lui prêter allégeance après l'invasion de leur pays par son armada. Ils ont préféré l'exil et le dénuement à la soumission. Toute honte bue, il affirmera que “l'heure de vérité a sonné pour dévoiler à la communauté internationale les affres de la répression, de l'intimidation, de l'humiliation et des tortures qui sont infligées à nos compatriotes dans les camps de Tindouf, en violation flagrante des principes les plus élémentaires du droit international humanitaire”, alors que c'est le Makhzen qui viole la légalité internationale.