Grâce à l'implication de ce collectionneur privé, on a pu, le temps d'une visite picturale, non guidée, se promener dans le dédale de l'histoire, découvrir une Algérie, belle, à travers le regard d'artistes d'outre-Méditerranée. Qu'est-ce que la lithographie ? Mohamed Massen, artiste plasticien, explique, dans la préface du catalogue de cette exposition, que “la lithographie, découverte en 1796 par le dramaturge et inventeur autrichien Aloys Senefelder, est basée sur l'utilisation de planches de pierre calcaire spéciale ayant des propriétés d'absorption et de répulsion de liquides de natures différentes. On dessine sur la pierre avec des craies grasses et on passe de l'encre d'imprimerie au rouleau. Celle-ci va être repoussée par les parties humides absorbée par les autres”. Après avoir abrité une foultitude d'expositions et autres installations, la galerie Gaya s'est transformée — depuis le 6 novembre dernier et jusqu'à aujourd'hui —, l'espace d'une quinzaine de jours, en “un cabinet d'estampes”. Ses murs sont ornés de photographies pas comme les autres. Des photographies qui offrent un voyage dans le temps. Une pause, une halte, un arrêt net face à un pays, une culture, une mémoire, une histoire. Terre de convoitises et de conquêtes, centre de conflits, fleuron d'humanisme, l'Algérie est riche par son passé, grande par son patrimoine et millénaire par son histoire. Ce ne sont pas moins de cinquante lithographies de haute facture qui embellissent ce lieu d'art et de culture. Proposées par un collectionneur privé — qui a requis l'anonymat —, ces lithographies représentent, en quelque sorte, une opportunité au public de découvrir un pan de l'histoire algérienne. Une partie importante et décisive. En effet, elles relatent dans les moindres détails la période de la conquête coloniale, ainsi que la résistance à laquelle elle s'est heurtée. Parmi les œuvres ornant les cimaises de la galerie Gaya, on peut citer Cour d'entrée du palais du bey à Constantine, d'Eugène Flandin, Café du divan à Alger (notre illustration) d'E. Flandin, Mauresque de qualité allant en visite à la campagne, par B. Croquis Coppin, Ruines aux environs de Tlemcen, de Bayot, Echange des prisonniers par monseigneur l'évêque d'Alger 1841, d'après le croquis de Coppin, Bal mauresque : la danseuse Zaliah, de Bayot, et bien d'autres.Des lithographies finement exécutées. Aucune place au hasard, tous les détails sont pris en considération. Comme rapporté dans le catalogue de cette exposition, “Voyage en lithographie porte l'estampille d'un pertinent à-propos. Dans un paysage artistique qui en a un brûlant besoin”. Un besoin de mémoire, de souvenir et de rappel. Grâce à l'implication de ce collectionneur privé, on a pu, le temps d'une visite picturale, non guidée, se promener dans le dédale de l'histoire, découvrir une Algérie, belle, à travers le regard d'artistes d'outre-Méditerranée. Un regard d'orientaliste, empli d'exotisme et de folklore. Des lithographies à travers lesquelles le “regardeur” ira à la rencontre de la délectation.