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L'OTAN durcit sa stratégie de lutte contre le terrorisme
L'Alliance considère qu'il constitue une menace pour les citoyens des pays membres
Publié dans Liberté le 21 - 11 - 2010

La nouvelle doctrine militaire de l'OTAN prend désormais en compte les nouvelles menaces qui ont surgi depuis la fin de la guerre froide en premier lieu le terrorisme.
En adoptant hier à Lisbonne son nouveau concept stratégique de défense, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a affirmé dans la déclaration finale paraphée par ses 28 membres à l'issue de son 22e sommet que “le terrorisme est une menace directe pour la sécurité des citoyens des pays de l'OTAN et, plus largement, pour la stabilité et la prospérité internationales”.
S'il est vrai que les attentats du 11 septembre 2001 ont complètement modifié la vision des pays membres de l'alliance sur ce phénomène qui n'épargne aucun pays dans le monde, la persistance de la menace aux portes de l'Europe, plus précisément du sud, notamment depuis la guerre US contre les réseaux d'Al-Qaïda en Afghanistan et l'occupation de l'Irak et ses conséquences sur la stabilité du Sahel placent l'OTAN devant une équation difficile.
Le choix est vite fait, car la sécurité et la paix dans le vieux Continent en dépendent. C'est la raison pour laquelle les 28 membres de cette organisation ont décidé de mettre l'accent sur la question afin de prévenir toute attaque ou attentat sur leurs territoires respectifs. “Une instabilité ou un conflit au-delà des frontières de l'OTAN peut menacer directement la sécurité de l'Alliance, notamment en nourrissant l'extrémisme, le terrorisme ou des activités transnationales illicites, comme les trafics d'armes, de drogue et d'êtres humains”, lit-on dans la déclaration finale, qui ajoute que des “groupes extrémistes continuent de se propager, ou de se développer, dans des régions d'importance stratégique pour l'Alliance, et la technologie moderne accroît la menace et l'impact potentiel d'une attaque terroriste, notamment si ces groupes devaient acquérir des capacités nucléaires, chimiques, biologiques ou radiologiques”.
Ainsi et pour mieux lutter contre le terrorisme, les membres de l'OTAN se déclarent “ouverts à la consultation avec tout pays partenaire sur des questions de sécurité d'intérêt commun”. Plus loin, les pays membres de l'alliance annoncent leur décision de “renforcer notre capacité à détecter le terrorisme international et à nous en défendre, y compris grâce à une analyse plus poussée de la menace, à davantage de consultations avec nos partenaires et au développement de capacités militaires appropriées, notamment pour aider des forces locales à s'entraîner à lutter elles-mêmes contre le terrorisme”.
L'Alliance s'interdit, bien entendu, toute ingérence dans une situation conflictuelle pouvant survenir dans le monde, mais elle est désormais disposée à fournir la coopération nécessaire pour aider des pays tiers à lutter contre le terrorisme en démantelant les réseaux de soutien et en offrant les moyens technologiques indispensables pour ce faire. Cette prise de conscience, qui s'appuie d'abord sur l'intérêt suprême de sauvegarde de la sécurité des pays membres de l'OTAN, peut déboucher, dans les années à venir, sur un renforcement de la coopération avec des pays de la rive dans leur lutte contre la violence islamiste.
Mais l'alliance, qui considère désormais que la force militaire ne peut à elle seule rien régler, juge primordial que les efforts sécuritaires soient accompagnés par une “approche politique et civile”. Il reste à savoir dans quelles conditions s'établira la coopération surtout qu'en termes d'approche politique du
phénomène du terrorisme, des pays occidentaux continuent d'alimenter l'idéologie islamiste.
La sécurité des alliés, le nucléaire
et le dérapage de Sarkozy
Par ailleurs, le sommet a maintenu la dissuasion nucléaire en tant qu'élément central du nouveau concept stratégique qui guidera l'alliance durant les 10 prochaines années dans ses relations avec le monde. Dans le document final, il est clairement affirmé que “la garantie suprême de la sécurité des Alliés est apportée par les forces nucléaires stratégiques de l'Alliance, en particulier celles des Etats-Unis ; les forces nucléaires stratégiques indépendantes du Royaume-Uni et de la France, qui ont un rôle de dissuasion propre, contribuent à la dissuasion globale et à la sécurité des Alliés”. Et de poursuivre : “Nous veillerons à ce que l'OTAN dispose de tout l'éventail des capacités nécessaires pour assurer la dissuasion et la défense contre toute menace pesant sur la sécurité et la sûreté de nos populations. En conséquence : nous maintiendrons une combinaison appropriée de forces nucléaires et conventionnelles et nous conserverons notre capacité à soutenir simultanément des opérations interarmées de grande envergure et plusieurs opérations de moindre envergure pour la défense collective et la réponse aux crises, y compris à distance stratégique”.
Ce que le porte-parole de l'OTAN avait qualifié, la veille, de dilemme, a été finalement tranché. Il n'y aura pas encore de monde sans armes de destruction massive. L'OTAN, qui vient de réunir le consensus nécessaire pour exister encore dans la prochaine décennie, s'est fixé de nouveaux objectifs sécuritaires. En gardant la même philosophie qui a prévalu depuis sa création en 1949, l'alliance a donné son accord pour le bouclier antimissile cher au complexe militaro-industriel américain. Cependant, le président français, Nicolas Sarkozy, a brisé hier le deal atlantiste en ciblant l'Iran. “Aucun nom ne figure dans les documents publics de l'Otan, mais la France appelle un chat un chat”, a-t-il déclaré, au cours d'une conférence de presse en marge du sommet, affirmant la menace à laquelle la future défense antimissile de l'Otan répond est iranienne. “Donc, si un jour l'Iran tire un missile vers l'Europe, il est certainement souhaitable qu'on puisse l'intercepter”, a-t-il ajouté.
L'Afghanistan, les cyberattaques et le dialogue politique
Sur un autre registre, l'alliance a lancé le processus de transition pour quitter l'Afghanistan, tout en demeurant prudente sur les échéances. Ici à Lisbonne, l'objectif de 2014 et la fin de la mission de combat de l'OTAN en Afghanistan ne sont pas “une seule même chose”. Nombre de pays de l'Alliance ont dit qu'ils comptaient retirer toutes leurs troupes avant 2014, alors que les Britanniques comptent se retirer définitivement en 2015. la décision de retrait est prise même si les Russes ont refusé de s'impliquer davantage dans ce bourbier qu'ils ont créé à la fin des années 1970. Les 28 membres de l'OTAN ont également décidé de lutter contre les cyberattaques qui “augmentent en fréquence” et qui “causent des dommages plus coûteux aux administrations, aux entreprises, aux économies, voire aux réseaux de transport et d'approvisionnement ou autres infrastructures critiques”, soulignant qu'elles “risquent d'atteindre un seuil pouvant menacer la prospérité, la sécurité et la stabilité des Etats et de la zone euro-atlantique”. L'alliance considère que des “forces armées et services de renseignement étrangers, la criminalité organisée, des groupes terroristes et/ou extrémistes sont autant de sources d'attaque possibles”.
Dans le cadre de la gestion des conflits, les 28 ont souligné que les “enseignements tirés des opérations de l'OTAN, en particulier en Afghanistan et dans les Balkans occidentaux, montrent à l'évidence qu'une approche globale” tout en affirmant plus loin que “la meilleure façon de gérer un conflit, c'est d'éviter qu'il ne survienne”. L'OTAN suivra et analysera constamment l'environnement international pour anticiper les crises et, lorsqu'il y a lieu, prendre des mesures actives visant à les empêcher de se muer en véritables conflits.
Les 28 membres ont, enfin, exprimé leur détermination à “approfondir la coopération avec les pays qui participent actuellement au dialogue méditerranéen et à rester ouverts à l'inclusion d'autres pays de la région dans ce dialogue” et à “développer un partenariat de sécurité avec les partenaires du Golfe et à demeurer disposés à accueillir de nouveaux partenaires au sein de l'initiative de coopération d'Istanbul”.


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