La nouvelle chef de la diplomatie espagnole, Trinidad Jiménez, a profité du sommet de l'OTAN à Lisbonne pour s'entretenir samedi avec son homologue US, Hillary Clinton, afin de lui demander de peser de tout son poids pour impulser un nouvel élan aux négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Madrid semble plus déterminée que jamais à trouver une solution rapide au conflit du Sahara occidental, qu'elle a contribué à créer en laissant le Maroc l'annexer après son retrait en 1975, alors qu'elle aurait dû mener le processus d'autodétermination jusqu'au bout. En effet, depuis son arrivée à la tête de la diplomatie espagnole, succédant à Miguel Angel Moratinos, Trinidad Jiménez consacre beaucoup de temps à ce dossier en suivant de près tous les développements. Les derniers évènements sanglants d'El-Ayoune, qui avaient vu les forces d'occupation marocaines démanteler par la force un camp de 26 000 protestataires sahraouis à Gdem-Izik, ont été l'occasion pour la ministre du gouvernement Zapatero de s'imposer comme une actrice importante du conflit. En effet, après avoir demandé des “clarifications” au gouvernement marocain sur cet usage disproportionné de la force, elle s'active pour aboutir à un règlement rapide du conflit. Sachant que les Etats-Unis ont un rôle crucial à jouer dans ce dossier, en raison de l'influence qu'ils peuvent avoir sur le Maroc en leur qualité de membre du groupe des amis du Sahara occidental avec l'Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Russie, Trinidad Jiménez a discuté pendant trente-cinq minutes avec Hillary Clinton dans la capitale lusitanienne de la question. Selon les médias ibériques, la nouvelle responsable de la diplomatie espagnole, qui a fait part de la “préoccupation” de Madrid après les dramatiques évènements d'El-Ayoune, a demandé à la secrétaire d'Etat US d'appuyer de tout son poids les négociations entre le Front Polisario et le Maroc et de les “accompagner” afin d'aboutir à une solution rapide. Trinidad propose donc une “meilleure impulsion politique” au dialogue entre Marocains et Sahraouis afin de parvenir à un règlement. Dans le même ordre d'idées, la section d'Amnesty International en Espagne a exhorté samedi le gouvernement espagnol à s'impliquer “activement” dans la défense des droits humains au Sahara occidental, en raison de la “situation grave” qui prévaut dans la zone après le démantèlement du camp de Gdeim-Izik et les émeutes d'El-Ayoune. Dans une lettre ouverte adressée par son directeur, Esteban Beltran, la section d'AI à Madrid a appelé la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jiménez, à saisir la tenue, dans les prochains jours, de réunions avec les représentants de l'Union européenne, la Russie et les Etats-Unis pour transformer la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental en une “priorité internationale”, rapporte l'agence de presse sahraouie SPS. L'ONG, qui a exprimé ses “préoccupations” au sujet de la situation des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, a souligné la nécessité de prendre en considération les “témoignages oculaires sur place” pour une enquête internationale sur les faits. Elle a également plaidé pour la mise en place d'un mécanisme onusien pour la protection et la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental. S'agissant de l'enquête qui sera menée à la suite de plaintes déposées, l'ONG estime que cette enquête “doit être effectuée immédiatement et de manière totalement impartiale et indépendante”, afin de “pouvoir traduire en justice les responsables des violations des droits humains”, ajoute la même source. Par ailleurs, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a appelé à l'ouverture d'une enquête “exhaustive et transparente” sur la répression menée par les forces marocaines dans le camp de Gdeim-Izik.