Depuis l'instauration du professionnalisme en Algérie à l'orée de cette saison 2010-2011, beaucoup de voix se sont élevées pour soulever les multiples problèmes pour sa mise en place effective que rencontrent les clubs sportifs, aussi bien ceux de la Ligue 1 que de la Ligue 2. Les présidents de club se sont réunis, mercredi dernier à l'hôtel Mercure, pour débattre du thème. Ils ont d'ailleurs dressé un tableau qui n'incite guère à l'optimisme. Ces derniers demandent ni plus ni moins une intervention rapide et efficace afin de déboucher sur une sortie de crise permettant de mettre fin à l'état “d'errance auquel sont assujettis la plupart de nos clubs”, pouvait-on lire dans un passage du communiqué des présidents des clubs sportifs des Ligues 1 et 2, adressé au président de la Fédération algérienne de football. En effet, outre certains articles du texte réglementaire soumis par cette dernière pour application, lesquels sont du reste très difficiles à réaliser sur le terrain vu qu'ils nécessitent des moyens colossaux, force est de reconnaître que d'autres contraintes font que le projet du professionnalisme en Algérie piétine et ne verra sûrement pas le jour de sitôt. À ce titre, l'Entente de Sétif n'est pas loin du reste des contraintes qui retardent sa transformation en véritable club professionnel. Bien que le club phare des Hauts-Plateaux a pris une grande dimension depuis quelques années, notamment depuis l'intronisation d'Abdelhakim Serrar qui a réussi à hisser l'Aigle noir à la place qui lui sied, avec les multiples consécrations, et qui a tenté, grâce à son expérience sur le terrain, d'introduire l'esprit professionnel dans la gestion et cela, bien avant que l'instance dirigée par Mohamed Raouraoua eut décidé de passer à l'acte, toutefois, beaucoup de choses restent à faire afin d'atteindre cet objectif. Lui-même (Serrar, ndlr) a avoué plusieurs fois à ce sujet que “les difficultés et autres contraintes, qui font que la mise en œuvre de cette stratégie ne se fera qu'à travers des conditions, à savoir aider les clubs à surmonter les obstacles et leur octroyer les moyens pour faire face à cette mutation. Avant de suggérer une sorte de sursis, ou plutôt une période transitoire permettant de matérialiser le professionnalisme sur le terrain”. La preuve, récemment et contre toute attente, les joueurs, las d'attendre le règlement de leur situation financière, ont décidé de boycotter les entraînements. “Pas du tout professionnel”, avouent les contestataires eux-mêmes. Une attitude qui a fait revenir le club, cher à Mokhtar Aribi, aux années noires où les joueurs pratiquaient ce genre de chantage pour être régularisés. D'autres paramètres font également défaut. C'est le cas de la société sportive par actions Black Eagles, censée faciliter l'adaptation du club au mode du professionnalisme, qui est en bute à des problèmes organisationnels et financiers et ce, en dépit de la campagne médiatique qui a suivi son lancement. Hélas, le chiffre d'affaires rassemblé jusque-là, et qui ne dépasse pas les 4 milliards de centimes, est loin de satisfaire les attentes. Même les efforts des autorités locales pour débloquer un peu la situation et donner un coup de main à ladite société, à travers des rencontres avec les industriels et hommes d'affaires de la région, réputés pourtant bien lotis, sont restés vains et cela malgré les “concessions” qui leur ont été faites en leur permettant, entre autres, de bénéficier des projets entrant dans le cadre du développement local, à l'instar du logement participatif et autres. Il y a aussi le problème de la dette contractée au temps de club amateur (CSA) qui constitue un autre handicap, ainsi que le retard dans l'attribution des aides promises par les pouvoirs publics qui tardent à venir et qui ne font que pénaliser un peu plus la bonne marche de ladite stratégie. À tout cela, il faudra ajouter la mentalité qui n'a pas apparemment changé d'un iota alors qu'elle représente un élément important pour aller de l'avant. Chose qui a été confortée par les déclarations des entraîneurs étrangers travaillant en Algérie dans un dossier traité dans le précédent numéro de notre supplément sport.