La salle de cinéma Le Djurdjura d'Aïn El-Hammam a abrité une série d'activités s'étalant sur trois jours pour rendre un hommage particulier au chahid Amar Ath Chikh. Après le dépôt d'une gerbe de fleurs et le recueillement au cimetière des martyrs d'Aïn El-Hammam, plusieurs dizaines de jeunes et moins jeunes se sont rencontrés dans la salle de cinéma pour assister aux témoignages d'anciens maquisards. Pour la première journée, les représentants de la Wilaya III historique ont retracé l'itinéraire du combat libérateur. Plusieurs questions posées par l'assistance trouveront quelques réponses plus ou moins convaincantes. La question des faux moudjahidine reste une énigme que la sincérité des officiers de la wilaya n'a pas pu démonter. “On ne peut pas incriminer les moudjahidine sur une telle mascarade, provoquée à l'origine par une éventuelle erreur”, dit si l'Mouloud, commandant de l'ALN. À l'occasion, il rappelle que l'engagement dans le combat pour l'indépendance du pays n'a pas été motivé par une éventuelle pension. “C'était pour libérer le pays ou mourir au combat”, soutient-il. Un autre officier de l'ALN, si Ouali, reprend la parole pour restituer un pan d'histoire de la Wilaya III, où il insista sur la nécessité de s'unir et de se solidariser pour reconstruire un Etat fort sur des bases solides. Remontant jusqu'aux débuts de l'Antiquité, l'orateur réaffirme la véracité des origines amazighes en révoquant le fait que “même dans l'Algérie indépendante, on sacralise Okba au détriment de Koceila”. Quant au fils du colonel Mohand Oulhadj, auteur d'un livre témoignage intitulé Si Mohand Saïd raconte Amghar, lui-même officier de l'ALN et membre du conseil national de l'ONM, il s'étale sur des erreurs et des précipitations qui ont pour conséquences de provoquer des tares pesant sur l'histoire nationale. “Les fameux formulaires 3 volets ont été créés pour contrecarrer la Wilaya III”, dit-il. Evoquant les traces de “Amghar”, qui aurait voulu assainir la situation de son vivant et ne voulant pas cautionner la bêtise, le fils de Mohand Oulhadj reste convaincu que “pour avancer, il faut revenir très loin en arrière et installer des commissions de suivi et de contrôle”. Par ailleurs, déplorant le caractère “informel” de ce genre d'initiative, des jeunes du village d'Azrou Ouqellal, village d'où est natif Amar Ath Chikh, se disent non concernés par l'événement : “Nous aurons aimé voir quelques sages et vieilles figures du village ayant vécu avec dda Amar venir témoigner sur cet homme historique, mais faudra-t-il d'abord les inviter, à l'image de dda Mohand Ouali Ath Sliman qui vient de quitter ce monde à l'âge de 90 ans.” D'autres estiment qu'un tel événement ne peut avoir de sens ni de crédibilité du fait que les propres fils de son village natal, de sa famille, de ses proches n'ont pas pris part à un tel évènement. “Un hommage grandiose a été rendu à Amer Ath Chikh par une association d'Imsouhal, un certain mois d'août ; ces jeunes n'avaient pas omis d'inviter les membres de sa famille et les villageois qui ont mis à leur disposition des documents archives et témoignages considérables”, dit encore un membre d'une association culturelle d'Azrou qui estime que cela ne pouvait qu'ajouter une note d'authenticité à l'événement. Rappelons qu'Amar Ath Chikh naquit le 24 novembre 1906 et tomba au champ d'honneur, arme à la main, le 11 août 1956, 11 jours seulement avant le congrès de la Soummam. C'est un militant de la première heure. Enfin, il est à noter que d'autres activités ont meublé les trois jours de commémoration, avec d'autres témoins de l'histoire, à l'exemple de Yaha si l'Hafid, si Mohand Oubelaïd Hocine, alors que des pièces de théâtre, des récitals de poésie ainsi qu'un gala artistique ont clos cette manifestation.