Selon Rezzag-Bara, la Grande-Bretagne entend participer à l'élargissement du consensus concernant la criminalisation du paiement des rançons aux groupes terroristes, au sein des institutions européenne et onusienne. Les travaux de la seconde réunion du Groupe de liaison algéro-britannique de coopération sécuritaire et de lutte contre le terrorisme se sont achevés mardi dernier en fin de journée à Londres. Durant cette session, Rezzag-Bara, chef de la délégation algérienne, a fait un long plaidoyer concernant la stratégie adoptée dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. “L'Algérie a beaucoup insisté sur l'appréciation de l'évolution de la situation dans le Sahel et a expliqué les initiatives prises pour coordonner l'action des pays de la zone pour la sécurisation de la région en combinaison avec des actions socioéconomiques en faveur des populations locales”, a-t-il révélé dans ses déclarations aux représentants de la presse algérienne dans la capitale britannique, à l'issue de la réunion. Dans sa guerre contre les réseaux d'Aqmi dans la sous-région sahélienne, l'Etat algérien entend rallier le maximum d'alliés au sein des capitales occidentales. Or, si d'autres pays comme l'Espagne ou la France font le jeu des terroristes en monnayant la libération de leurs ressortissants, le Royaume-Uni se distingue par son intransigeance. Le Conseiller de la présidence en charge des questions de terrorisme évoque “l'existence d'une parfaite convergence” entre les deux pays concernant la prohibition et la criminalisation du paiement des rançons. Se plaçant à contre-courant des positions de certains de ses alliés au sein de l'OTAN, le Royaume-Uni estime par ailleurs que la lutte contre le terrorisme dans le Sahel est du ressort exclusif des pays de la région, notamment le nôtre. “Les Britanniques reconnaissent le rôle central de l'Algérie dans les initiatives de coordination sous-régionale pour la sécurisation de la zone”, indique M. Bara. Ce dernier a profité de sa tribune londonienne pour adresser une mise au point aux partisans de l'intervention militaire étrangère dans le Sahel. “Nous rejetons absolument toute tentative d'ingérence. Nous préférons un partenariat qui respecte la souveraineté des pays de la zone”, a martelé l'envoyé d'Alger. Par la même occasion, il s'est employé à démentir l'existence de divergences dans le front sahélien, surtout à propos du rôle leader de l'Algérie. “Les pays de la région sont prêts à soutenir les initiatives algériennes”, observe-t-il. Hors du continent, ce soutien est exprimé par la Grande-Bretagne, disposée à endosser le rôle de lobby dans les institutions européennes et internationales afin de soutenir les efforts des pays sahéliens pour vaincre le terrorisme. Selon le conseiller de la présidence, Londres a exprimé son désir d'aider l'Algérie à entériner ses positions au sein de l'Onu. Cet élargissement de consensus, dont les deux parties ont parlé, concerne notamment l'interdiction du paiement des rançons. Au niveau logistique, Londres a renouvelé sa disposition à poursuivre la livraison d'équipements militaires à l'Algérie. L'aide technique comprend aussi la formation en Grande-Bretagne d'éléments des forces algériennes de sécurité. Le cadre de la coopération militaire algéro-britannique a été institué suite à la signature d'un mémorandum d'entente de quatre ans, il y a un an, au cours de la visite à Alger de Bob Ainsworth, ancien ministre de la Défense. Depuis, les officiels britanniques se succèdent pour présenter l'Algérie comme un partenaire majeur dans la lutte internationale contre le terrorisme. “Notre expérience bénéficie d'un intérêt grandissant de la part de nos partenaires”, estime M. Bara, estimant néanmoins qu'en développant “une connaissance approfondie de la nature du terrorisme, de ses modes opératoires et de ses acteurs, l'Algérie a toujours estimé qu'aux côtés des questions sécuritaires et militaires, la priorité politique doit aussi être donnée à la lutte contre ce phénomène”. Au cours de la rencontre de Londres, M. Bara et son homologue, Simon Manley, directeur de la défense et des risques stratégiques au Foreign Office (ministère britannique des Affaires étrangères), ont évalué la menace terroriste dans leurs pays respectifs. “Il s'agit de se consulter, d'échanger des analyses périodiques sur la lutte contre le terrorisme transnational et sur le meilleur moyen de mutualiser nos efforts pour contrer cette menace globale”, résume le chef de la délégation algérienne. Les deux parties entendent développer leur coopération dans le domaine de la lutte contre les réseaux de blanchiment d'argent et du financement du terrorisme. Sur ce dernier point, M. Bara considère, sans ambages, que le paiement des rançons est en soi une forme de financement du terrorisme. “La prise d'otages est aujourd'hui la principale activité qui permet aux groupes terroriste d'avoir une visibilité sur le plan international”, fait-il remarquer. C'est le cas surtout dans la région sahélienne, qui vivait du tourisme et qui se trouve, selon lui, aujourd'hui complètement isolée.