Souvent, c'est volontairement, soit près de 45% des cas, que les médicaments sont absorbés en quantités contre-indiquées L'équipe médicale du Centre national antipoison (CAP), implanté dans l'enceinte du CHU Lamine-Debaghine de Bab El-Oued (ex-hôpital Maillot) reçoit des milliers d'appels par an, de jour comme de nuit, généralement pour des consultations par téléphone, c'est-à-dire demande de la conduite à tenir face à une intoxication par un produit nocif pour la santé. Selon le Pr Alamir, chef du CAP, quasiment 90% de ces appels émanent de médecins qui s'enquièrent de la meilleure façon de prendre en charge un cas d'empoisonnement. Le Dr Zagh Samira, toxicologue, soutient que de plus en plus de citoyens appellent le centre, mais le numéro, fonctionnel 24h/24, n'est pas assez bien connu par la population alors que l'urgence, face à une intoxication, exige d'abord un appel au Centre antipoison, pour connaître, par le biais des toxicologues, le geste qui sauve, insiste notre interlocutrice. Selon le bilan, établi annuellement par le staff du CAP, les médicaments se placent en tête de liste des substances toxiques, avec leur incrimination dans plus de la moitié des cas recensés. Souvent, c'est volontairement, soit près de 45% des cas, que les médicaments sont absorbés en quantités contre-indiquées. Ce qui fait ressortir que la tendance suicidaire est prédominante dans ce registre puisqu'elle représente, ces dernières années, plus de 90% de l'intoxication volontaire. La toxicomanie ne représente que 3% des cas, du moins selon le bilan de 2008 et sans grands changements pour celui de 2009. Les pesticides et les produits ménagers sont aussi responsables d'un nombre considérable d'empoisonnement, au même titre que les champignons et les plantes. Selon le Dr Zagh, la classification du centre correspond aux produits conduisant le plus fréquemment à des intoxications et non pas à ceux les plus dangereux. Le monoxyde de carbone et certaines drogues figurent dans la case des substances fatales. Les enfants, notamment ceux âgés de moins de 4 ans, sont les premières victimes de ce type d'accident, puis viennent les jeunes adultes. “La première prise en charge est dans la demi-heure, pour éviter que le produit ne se diffuse dans l'organisme. C'est pour cette raison que nous insistons sur l'appel avant l'évacuation”, recommande encore une fois le Dr Zagh. Elle explique que le toxicologue pose des questions pointues sur la nature du produit, les quantités absorbées, le temps écoulé entre la prise du toxique et l'appel, l'âge de la victime… afin d'orienter le mieux possible les parents ou le médecin. Parfois il suffit de faire vomir la personne intoxiquée pour lui sauver la vie. Pour d'autres cas, l'analyse d'un échantillon du toxique est nécessaire et appelle, parfois, à l'administration d'un antidote. La proportion des cas graves demeure faible, selon nos interlocutrices. C'est souvent la prise en charge tardive qui induit des conséquences graves de l'intoxication. L'équipe du centre antipoison du CHU de Bab El-Oued souhaite obtenir plus de lignes téléphoniques, pour répondre à plus d'appels d'urgence, mais aussi de miser davantage sur la prévention.