Même si le pays est dans “une impasse historique”, il trouve des motifs d'espoir. À ses yeux, c'est une belle victoire que de voir ceux qui, hier, diabolisaient et réprimaient les militants des droits de l'Homme, se revendiquer de ce combat. Dans une ambiance festive, des centaines de jeunes, de moins jeunes et de femmes se sont retrouvés hier au centre culturel d'El-Biar (Alger) pour prendre part à la cérémonie de célébration de la Journée mondiale des droits de l'Homme organisée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Des avocats, des syndicalistes, des représentants d'association et des anciens moudjahidine ont été aussi de la partie. Mais la présence la plus remarquée était celle de Mme Djamila Bouhired, une des icônes de la Révolution algérienne, qui a été très sollicitée, à la fin de la cérémonie, par les jeunes, notamment pour prendre avec elle des photos et surtout discuter avec cette figure célèbre de la guerre de Libération. Même malade, elle a tenu à partager quelques moments de communion avec des militants et des invités d'un parti d'opposition. Tout un message : le combat des démocrates est le prolongement naturel de celui de leurs aînés qui avaient pris les armes pour libérer le pays et reconquérir leur dignité. Rendant hommage à cette grande moudjahida, Saïd Sadi a soutenu dans une intervention improvisée : “Ce n'était pas pour une parcelle de pouvoir ou pour être vue qu'elle avait exposé sa vie mais pour une question de dignité et de droit. La leçon est là. C'est un véritable enseignement pour nous tous”. Et de poursuivre : “Il faut absolument que l'histoire de la Libération nationale soit revisitée”. Parlant des droits de l'Homme, le président du RCD estime qu'ils ne sont “ni un slogan ni de la théorie mais un comportement et une culture”. Pour lui, la situation des droits de l'Homme “est le meilleur voyant pour mesurer le niveau de développement d'un pays”. Saïd Sadi n'a pas été amène avec la justice, l'école et la télévision à qui il fait le reproche de livrer un message de désespoir. “Le régime algérien a tout fait pour pulvériser la conscience civique. Le fait d'avoir plombé le système d'enseignement algérien n'est pas une erreur mais une faute, une intention délibérée de déculturer le peuple algérien”, dénonce-t-il. Même si le pays est dans “une impasse historique”, Saïd Sadi trouve quand même quelques motifs d'espoir. À ses yeux, c'est une belle victoire que de voir ceux qui, hier, diabolisaient et réprimaient les militants des droits de l'Homme, se revendiquer de ce combat et mettre en place une structure chargée des droits de l'Homme. “Ils sont venus sur notre terrain. L'histoire avance dans le sens que nous lui avons imprimé”, se félicite-t-il, avant d'affirmer : “Je suis persuadé que l'Algérie est en train d'amorcer la fin d'un cycle historique”. Pour sa part, Me Fetta Sadat, secrétaire nationale aux droits de l'Homme, a fait un constat sans appel : en Algérie les droits de l'Homme sont dans une situation critique, estime-t-elle. À la fin de la cérémonie, le RCD a honoré deux universitaires doctorants en leur remettant les archives détenues par le parti sur les droits de l'Homme.