L' héroïne de la Bataille d'Alger a beaucoup insisté sur l'amour de la patrie car, a-t-elle expliqué, “il y a aussi ceux qui la haïssent”. Samedi dernier, l'ancienne combattante de la guerre de Libération nationale, Djamila Bouhired, s'est adressée aux “jeunes Algériens”. “Je n'ai jamais oublié la Révolution ni les martyrs”, a-t-elle déclaré lors de la cérémonie de célébration du 50e anniversaire des manifestations du 11 Décembre 1960, organisée à l'hôtel Safir (ex-Aletti), par l'APC d'Alger-Centre. L'ex-condamnée à mort, une des importantes figures de la résistance algérienne contre la colonisation française, connue par sa discrétion, a refusé de prononcer un discours, préférant relater des anecdotes sur les compagnons d'arme et sur un passé fait de situations tragiques, mais où il était possible de “rire aux éclats” même pendant “l'heure grave”. Mme Bouhired, celle qui s'est distinguée par sa discrétion et qui s'est tenue loin des cercles officiels, a pourtant fini par lâcher : “On a seulement entendu des discours, des discours-fleuves et parfois des mots vides”, faisait-elle référence aux cinq décennies d'indépendance politique de l'Algérie ou à une période bien déterminée ? À quel dirigeant ou responsable pensait-elle au juste ? Usant souvent d'un langage détourné, l'ancienne militante de la zone autonome d'Alger s'est excusée de recourir à la langue française, en notant qu'elle n'a pas eu le temps d'apprendre l'arabe. “Mais, il y en a beaucoup qui ont été apprendre l'arabe pour nous commander”, a-t-elle complété avec un large sourire. Djamila Bouhired a abordé au passage l'apport précieux de tous ces Ben M'hidi et Krim Belkacem, non sans promettre que “le jour viendra où je vous parlerai de ces moudjahidine inconnus”. À l'adresse des jeunes présents dans la salle, elle s'est dit convaincue de l'existence de dignes héritiers de ceux qui ont libéré l'Algérie du joug colonial, en ajoutant : “Aimez l'Algérie, elle vous aimera”. Enfin, Mme Bouhired a beaucoup insisté sur l'amour de la patrie car, a-t-elle expliqué, “il y a aussi ceux qui la haïssent”. L'intervention de la moudjahida, certes pas longue, a été suivie par des youyous, des applaudissements et des félicitations. Hier matin, la même APC d'Alger-Centre a reçu trois délégations, des Américains de retour des camps des réfugiés sahraouis et des Sahraouis dont certains sont venus des territoires occupés du Sahara occidental, ainsi qu'une délégation du Comité national algérien de soutien au peuple sahraoui (Cnasps). À l'issue de la rencontre entre les “sociétés civiles”, le président du Cnasps, Mahrez Lamari, a révélé aux journalistes que les 3 parties se sont mises d'accord, notamment sur “le soutien” à la résistance sahraouie des territoires sahraouis occupés, “la défense” des droits de l'Homme et l'élargissement du mandat de la Minurso sur cette question, de même que “l'ouverture” des zones occupées de l'ex-colonie espagnole aux journalistes et observateurs internationaux indépendants. Sans oublier “l'importance” d'initier une enquête sur les évènements tragiques au camp de Gdeim-Izik et à El-Ayoune occupée. De son côté, le représentant de la délégation US, David Lipplatt, a tenu à souligner que les 11 membres du groupe “soutiennent tous le peuple sahraoui”. Il s'est également élevé contre “toutes ces fausses informations (colportées sur) ce peuple”, en appelant à la recherche d'une “solution pacifique” et à une solidarité internationale plus conséquente pour “l'autodétermination de la dernière colonie d'Afrique”. Quant à la partie sahraouie, elle s'est exprimée par la voix de M'hamed Mohamed El-Chikh, conseiller à l'ambassade de la RASD à Alger. Abordant les prochaines négociations (du 16 au 18 décembre 2010) entre le Front Polisario et le royaume du Maroc, ce dernier a soutenu que les Sahraouis “espèrent cette fois que la communauté internationale exercera vraiment des pressions sur le Maroc”. “Il faut permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination et rendre justice au droit international”, a encore déclaré M. El-Chikh.