Pour des considérations industrielles, le “noir”, source d'énergie, est venu agresser le “vert'', source de vie. Le noir était représenté par le charbon d'abord, puis par le pétrole. Le vert, c'est tout ce qui nous entoure. La nature dans toute sa splendeur. Aujourd'hui, après quelques décennies d'exploitation outrancière des énergies fossiles, le vert a considérablement reculé. Et là où il subsiste encore, son verdoyant a perdu de sa superbe. Le vert a viré au gris. C'est peut-être l'effet du mortier. Dans “mortier'', il y a mort. Mais, savions-nous seulement qu'en détruisant la nature, l'homme était en train de s'autodétruire. C'est de l'autoprédation. Il y a de cela cinquante ans, l'homme ne savait pas à quel point “cracher en l'air vous retombait toujours sur la tête'' ! En ce temps-là, il ignorait toute la dangerosité de ses actes. Celui de recourir démesurément à cette source d'énergie destructrice. Le chant des sirènes Le pétrole, quel piège de la nature ! Mais, qui n'a pas mordu à l'appât ? Le chant de la sirène était trop ensorceleur. Des années plus tard… après moult cures de dégrisement, la gueule de bois semble s'estomper. On s'aperçoit alors que l'idée fossile de recourir à des hydrocarbures à outrance a fait des dégâts. Beaucoup de dégâts, très difficiles à réparer. La couche d'ozone n'est pas un simple hymen à suturer. Le viol collectif de la planète Terre est irrémédiable. Mais, à défaut de réparer l'irréparable, on devrait, du moins, essayer d'atténuer le mal. La planète Terre va mal, le constat est connu de tous. Et comment atténuer ses souffrances, paraît être aujourd'hui le souci de tous les décideurs mondiaux. Quel substitut énergétique sera le mieux adapté pour l'industrie de demain ? Toutes ces questions constituent l'actualité internationale de ces dernières semaines. Et qu'en est-il chez nous ? La situation suscite beaucoup d'interrogations. Autant de contradictions, également. L'environnement se vit au quotidien. C'est un acte à la fois individuel et collectif. Individuellement, ça ne marche qu'avec une bonne dose de civisme. Une denrée de plus en plus rare, hélas. À voir de quelle manière on se comporte à la plage ou en forêt ne fait pas bonne impression. Certains Algériens sont sales et ils salissent tout ce qui les entoure. Le constat est fait et est sans appel. Et une hirondelle ne fait pas le printemps à elle seule ! Aussi, collectivement, ça ne peut se faire que grâce à une culture bien ancrée de l'acte collectif. La chose commune. Ce type d'idées puise son essence dans la municipalité. Dans la commune. Or, parler à nos élus d'environnement, c'est faire son cours à des enfants du préscolaire, en mandarin. Ou encore, demander au ministère de l'Environnement de cesser de rouler avec des véhicules à moteur diesel, connu pour son taux très élevé en dioxyde de carbone. Pas d'industrie, pas de pollution ! Dans économie verte, il y a économie. Par économie, on entend, industrie. Sachant l'industrie publique algérienne en panne, devrait-on, par conséquent, se réjouir de notre sort et croire qu'en termes d'environnement on a atteint tous les objectifs ? (Pas d'industrie, pas de pollution !) Ou alors, devrait-on imputer tous nos problèmes de l'environnement au seul secteur industriel privé ? Autant de questions que de contradictions. L'économie verte est l'affaire de tous. Mais, elle relève strictement de la responsabilité de l'Etat. Tout le monde a le droit de produire. Mais, lorsque production implique pollution, seule la force de l'Etat s'en mêle, oriente, éduque, sensibilise et sévit si nécessaire, en matière de pollution et de gestes anti-écolo. Mais, celui qui, depuis toujours, donne le mauvais exemple, c'est justement, l'Etat, à travers ses structures. Incapacité de gérer correctement un ramassage d'ordures ménagères. Incapacité de gérer correctement les déchets industriels, toxiques, se déversant n'importe où, n'importe comment. Inca-pacité de gérer correctement un parc de transport public, collectif, source de grande pollution atmosphérique urbaine. Les exemples de carence en matière d'environnement sont trop nombreux pour être tous énumérés. Et tous ces manquements relèvent directement de la responsabilité de l'Etat. Si des énergumènes s'adonnent au pillage des plages en les vidant de leur sable, c'est parce que la force de l'Etat n'a pas réussi à se faire appliquer sur le terrain. Faute d'hommes intègres et efficaces. Et c'est aussi valable pour nos fonds marins que pour le fin fond du désert algérien. !La lumière de flamboyance Sur un autre plan, celui des énergies de substitution, on en parle depuis très longtemps. L'Algérie est même, géographiquement parlant, bien placée pour s'en sortir. Avec un nombre d'heures d'ensoleillement estimé à plus de trois mille, et un tas d'autres éléments naturels favorables, en théorie, la tombe des énergies fossiles serait déjà creusée. Mais, est-ce que tout cela suffira pour faire de notre pays un fer de lance du panneau solaire ? Ce serait aller trop vite en besogne. Jusque-là, en dehors des fameuses ampoules à basse consommation, plébiscitées par l'Aprue, niet ! c'est le silence radio. Et encore, après expérience, la lumière diffuse de ces lampes, tellement lugubre, vous enverra directement pour consulter un psy ! Les quelques dinars d'économie réalisée sur la facture ne suffiront pas à payer la note et l'ordonnance. Ecolo, oui ! Mais, en bonne santé, c'est mieux ! De la même manière que pour le tourisme, le commerce, ou la culture… l'environnement, c'est une question de culture aussi ! Ça s'apprend à la maison, à l'école, dans la rue, sur son lieu de travail, en n'oubliant pas les lumières, le chauffage ou la clim en marche. D'ailleurs, il ne serait que plus juste de faire payer les “oublis''. Il y aura certainement moins d'omission ! Il faut toucher au porte-monnaie, c'est là que réside la mémoire. On a du pétrole, c'est vrai, mais pour les idées… on est recalé ! R. L. [email protected]