RESUME : Plusieurs jours passent sans que Djamel se manifeste. El-hadj ne cesse de reprocher à sa femme sa dureté. Un coup de fil de leur fille aînée leur apprend que Djamel est chez Nabila, leur seconde fille. Elle met sa mère hors d'elle-même en répondant par des “hum”… 8eme partie -Il faudra bien qu'il rentre un jour, dit le vieux père. Quoi qu'on ait fait, on reste sa seule famille. Et puis, il aura l'occasion de rencontrer d'autres filles. Il est jeune, il a toute la vie devant lui. - Tu n'auras qu'à l'en convaincre. Sois à la maison le jour où il décidera de rentrer, soupire Nabila. Il doit se préparer pour la rentrée. - Sais-tu quand ? - Normalement, dans une semaine, lui apprend-elle. J'aurais aimé venir vous voir, mais vu les circonstances, je préfère reporter ma visite, une fois tous les malentendus dissipés. - Tu promets d'appeler avant son arrivée ! la prie el-hadj Tewfik. Je tiens à être là, ce sera plus prudent. Nabila le lui promet. Lorsqu'ils raccrochent, Chafika ne se retient pas de lui faire une scène. Elle lui reproche de passer pour le bon et, elle, pour la mauvaise. - Il est aussi mon fils, lui rappelle-t-elle. Si tu tenais vraiment à eux, pourquoi t'es-tu gardé de les retenir ? Qu'est-ce qui t'empêchait de les approcher ? - Toi, répond-il d'un coup. Mais à partir d'aujourd'hui, je ne te laisserai plus décider à ma place ! Lorsque Djamel reviendra, je veux que tu sois gentille avec lui. Car s'il repart déçu, je l'accompagnerai ! la prévient-il. Je te jure que ce n'est pas une blague ! - Si ma méchanceté t'atteignait vraiment, il y a déjà quarante ans que tu serais parti, rétorque Chafika. Mais sois rassuré, el-hadj, je lui ferai une fête à son retour ! El-hadj Tewfik n'en demandait pas tant. Au fond de lui-même il était heureux d'avoir vu l'inquiétude traverser le regard de sa femme. Il ne se rappelle pas l'avoir vue une seule fois apeurée, durant toute leur vie commune. Elle avait senti qu'il était sérieux lorsqu'il avait menacé de partir avec Djamel. Il en a la confirmation, une semaine plus tard, lorsque leur fils vient se préparer pour son internat à l'hôpital de Beni-Messous. Il tenait à revoir certains cours. Il croyait pouvoir se concentrer, mais dès qu'il regardait sa mère, il se rappelait Nouria. - Tu étais jalouse d'elle, dit-il. Je suis ton unique fils et tu ne supportais pas que je puisse vous quitter pour elle ! N'est-ce pas ? - Un jour ou l'autre, tu te marieras, mais Nouria est mal tombée, répond Chafika. Je n'y aurais vu aucun mal si tu avais terminé ton internat. Quand tu seras installé à ton compte, quand tu seras prêt pour une relation durable, sois sûr que je ne te poserais aucun problème ! Je n'aurais jamais supporté de te voir gâcher ton avenir. Je veux pour toi ce qu'il y a de mieux. Difficile à croire, mais c'est pourtant vrai ! Djamel n'en doute pas. Il connaît sa mère. Elle ne laisse jamais rien au hasard quand il s'agit de prendre soin de lui. Mais même s'il la comprenait, il ne lui pardonnerait jamais son odieuse attitude envers Nouria. Elle avait tout gâché entre eux. Nouria ne voulait plus entendre parler de lui, maintenant qu'il avait réintégré la maison. Djamel se promettait que s'il tombait amoureux à l'avenir, il se garderait d'en parler à sa mère. Son bonheur en dépendait ! (À suivre) A. K.