RESUME : Djamel apprend à son père qu'il a une petite amie, mais il refuse de la lui présenter. Pour l'encourager à s'engager, ses parents décident de lui acheter un appartement et une voiture… 11eme partie El-hadj Tewfik et Chafika veulent ce qu'il y a de mieux pour leur fils unique, Djamel. Ils passent la journée à visiter des appartements à Alger et ses environs. Ils arrêtent leur choix, après avoir visité un appartement à El-Biar. Ils le trouvent à leur goût. Il y a trois chambres et un grand salon qui donnent sur la mer. Etant au quatrième étage, il est ensoleillé et très aéré. Le problème d'humidité ne se posant pas, Chafika est conquise. Elle imagine déjà ce que sera le salon, avec du papier peint et des rideaux. - Les double rideaux seront couleur bordeaux, dit-elle beaucoup plus pour elle-même que pour son vieux mari. Les fleurs du papier devront être de cette couleur aussi. - On avait dit que ce sera son choix à lui, lui rappelle el-hadj Tewfik. Ils feront la décoration eux-mêmes. - Oui, hélas, ajoute-t-elle. On ne sait même pas si elle a bon goût. - Sûrement qu'elle en a, la rassure el-hadj. Puisqu'elle a choisi Djamel pour mari. - Mon Dieu, faites qu'il ne soit pas mal tombé. J'en serais malade de colère ! - Si tu ne respectes pas son choix, tu peux être certaine qu'il partira. Et puis, s'il est engagé ailleurs, sa femme ne se cassera pas la tête pour arranger les choses. - Je ne lui donnerai pas cette occasion, promet-elle. Je donnerai cher pour voir son amie, pour avoir une idée de ses habitudes. Tu ne vois aucun mal à ce que j'aille à l'hôpital ? - Je te l'interdis ! Si tout va mal et que Djamel part, je te jure que je te quitterai. Avec ton sale caractère, on n'aura personne pour assister à notre mort. Pense-y un peu au lieu d'agir sur un coup de tête. Chafika aura tout le temps de le faire après qu'il l'ait ramenée à la maison. Lui, il partira s'assurer que tout se passe bien à la boutique. Elle est heureuse de voir Djamel rentrer. Il semblait fatigué. La journée a été longue et, surtout, marquée par la mort d'un malade. C'est le premier qu'il voit partir depuis qu'il est en service. Chafika ne peut pas savoir qu'il en est encore tout bouleversé. Lorsqu'elle se met à lui parler de l'appartement qu'ils lui ont acheté à El-Biar, Djamel n'a aucune réaction. Pas de sourire, pas de joie dans les yeux. - Djamel ! dit-elle. Tu pourrais me dire merci, lui reproche-t-elle. Il nous a coûté 225 millions. Sais-tu que sans nous, tu n'aurais jamais pu avoir ton chez-toi ? Un peu de reconnaissance ne te coûterait rien que je sache ! - On a tous un jour son propre chez-soi, rétorque le jeune homme. Et pas besoin d'argent. - Tu pourrais me dire où ? l'interroge-t-elle. Dans quelle ville, dans quel pays, y a-t-il des maisons gratuites ? - Où que tu ailles, il y a des cimetières. Pauvres ou riches, ils y ont tous leur place, dit Djamel. Même moi, j'en aurai une ! - Pourquoi tant d'amertume ? s'inquiète-t-elle. - Malgré toutes les découvertes scientifiques, on ne peut pas empêcher ou retarder la mort. C'est elle qui décide de l'heure et de l'endroit, soupire-t-il. Si elle nous fera souffrir ou pas. C'est atroce ! Aujourd'hui, j'ai vu quelqu'un mourir. Un malade. C'est… C'était quelqu'un de formidable. Maman, je le regretterai ! Tu ne peux pas savoir à quel point ! Le regard qu'il lui lance la blesse profondément. Le message est clair : elle, il ne la regrettera pas, et cela la faisait terriblement souffrir. (À suivre) A. K.