Sept mois après l'introduction de sa demande de recours, la défense de l'ancien milliardaire attend toujours qu'une audience soit fixée par la Haute-Cour. Les juges de la Haute-Cour britannique ne semblent pas pressés de traiter le dossier d'extradition d'Abdelmoumen Rafik Khelifa. Selon Anita Vasisht, son avocate, aucune date d'audition n'est encore fixée. Sept mois se sont écoulés depuis l'introduction de la demande de recours dans cette affaire. Mais ni l'ancien milliardaire ni sa défense ne paraissent ennuyés par ces lenteurs. “Plus nous avons du temps, mieux nous pourrons construire notre dossier de défense”, révèle l'avocate. S'abstenant de s'exprimer sur les détails, Me Vasisht révèle néanmoins que sa plaidoirie s'appuiera sur de nouvelles preuves innocentant l'homme d'affaires et empêchant son transfert en Algérie. Khelifa attend le dénouement de son affaire à la prison de Wandworth où il est incarcéré depuis 2007. “Il tient le coup et son moral est au beau fixe”, précise son avocate. Pour l'anecdote, l'ex-golden boy a, depuis plusieurs jours, un nouveau locataire, en la personne de Julian Dessange, fondateur de WikiLeaks. Jusque-là, ses demandes de mise en liberté provisoire ont toutes été refusées. Khelifa avait été arrêté le 27 mars 2007 à Londres, par la brigade économique et financière de Scotland Yard, dans le cadre de l'exécution d'un mandat d'arrêt européen lancé contre lui par un tribunal parisien. Son interpellation avait coïncidé avec sa condamnation par contumace à la réclusion à perpétuité, dans le cadre du procès sur la faillite frauduleuse de El- Khalifa Bank, tenu à la cour de Blida. Une année plus tard, les auditions portant sur son extradition en Algérie, ont débuté au tribunal de Westminster, dans la capitale britannique. En juin 2009, le juge Timothy Workman donnait son accord pour le renvoyer dans son pays. Le magistrat avait fondé sa décision sur les assurances diplomatiques fournies par l'Etat algérien quant à la protection de l'intégrité physique de l'ancien milliardaire. Le département de Tayeb Belaïz s'est engagé, par ailleurs, à organiser un nouveau procès, en présence de l'accusé. Le Home Office, ministère britannique de l'Intérieur, a avalisé, quelques mois plus tard, le verdict du tribunal de Westminster, en s'appuyant sur les mêmes arguments. Il avait rendu sa décision en avril dernier, après plusieurs mois de suspense. Depuis, la bataille juridique s'est déplacée dans les locaux de la Haute-Cour où Khelifa et sa défense espèrent bloquer la procédure d'extradition. D'ordinaire, cette institution fixe des délais raisonnables — pas plus de quatre mois — pour le traitement des dossiers mis à sa disposition. Mais elle est en droit de solliciter du temps supplémentaire pour examiner certaines affaires dites compliquées. Au moment où il avait pris en charge le dossier Khalifa, le juge Timothy Workman, avait reconnu d'emblée qu'il est “complexe”. À la Haute-Cour, les magistrats chargés d'examiner le recours doivent s'exprimer principalement sur des points de droit. Ils ont aussi la possibilité d'étudier le fond du dossier. De toute évidence, la défense de Khelifa entend gagner du temps et mettre toutes les chances de son côté, pour éviter l'extradition de son client. Il est donc aisé de comprendre pourquoi elle n'est pas importunée par les atermoiements de la Haute-Cour. Même si le verdict est en la défaveur de Khelifa, elle entend bien saisir d'autres opportunités de recours. Pour Anita Vasisht, le dossier est loin d'être clos.