L'Algérie perd en Roger Rey un militant FLN résolument engagé pour la cause nationale, ont témoigné des proches et des compagnons d'armes lors d'un hommage qui lui a été rendu jeudi à Paris. Près du cercueil drapé de l'emblème algérien et sur lequel était posait sa médaille d'honneur de militant, vœux formulés par le défunt, des proches, des compagnons d'armes et des représentants de la mission diplomatique algérienne à Paris ont évoqué l'homme “discret, mais très efficace” qu'était Rey. Pour sa veuve Annie, elle-même militante de la cause nationale, “l'Algérie a été toujours la patrie de Roger et l'Algérie le lui rend bien”. Elle en veut comme “signe tangible de cette reconnaissance” la présence de ses compagnons d'armes et d'officiels algériens à la cérémonie. Emue, la militante a dit se rappeler des liens “très étroits” qu'avait son époux avec feu Mohamed Boudiaf, un des chefs historiques du FLN et président, post-indépendance, du Haut-Comité de l'Etat (HCE). “Nous étions les premiers et les seuls à l'avoir accueilli après l'indépendance de l'Algérie, dans notre appartement parisien”, se rappelle l'octogénaire, avant d'ajouter que l'assassinat de Boudiaf en juin 1992 a été vécu comme “une catastrophe pour toute la famille”. Un des compagnons d'armes de feu Rey, Mohand Akli Benyounès, a salué l'homme “discret, mais efficace”, rappelant que c'est Roger Rey qui était allé, mobilisant plusieurs véhicules, à la rencontre des cinq militants que le FLN venait de faire évader en 1961 de la prison de Fresnes. “L'efficacité de Roger, qui est pour moi un frère, était telle qu'il ne s'est jamais fait arrêter”, a témoigné M. Benyounès, qui a dit présenter ses condoléances à la famille du défunt en ses qualités de président de l'Association des moudjahidine de la Fédération du Fln de France (1954-1962), de représentant du ministère des Moudjahidine et de sénateur du tiers présidentiel. Claude Fraudin, un militant ayant côtoyé feu Rey dans le mouvement “jeune-résistance” a indiqué que “l'origine militaire (Saint-Cyrien de formation) de Roger faisait de lui un véritable professionnel qui s'intéressait au combat anticolonialiste”. “Natif d'Algérie, il n'a eu de cesse, aux côtés de Henri Curiel et Georges Matei, de défendre les idéaux, que porte d'ailleurs la France, pour l'indépendance des peuples opprimés”, a-t-il dit. Un de ses deux fils, a, lui, évoqué le côté “intimiste” de son défunt père, notamment les techniques qu'il lui inculquait pour fuir à une filature, ou être ponctuel à un rendez-vous ou savoir garder un secret. Il a dit aussi se rappeler de la visite, dans leur appartement parisien, de feu Boudiaf avec qui il a joué une partie d'échecs où en ce jour de décembre 1959 quand, lors d'une perquisition, son père n'a pas trouvé mieux, pour narguer la force coloniale, que de mettre sur le tourne-disque l'hymne national Qasaman. Roger Rey est décédé le 10 décembre en son domicile parisien à l'âge de 86 ans. Exposée pour un dernier hommage à la maison funéraire du cimetière du Père-Lachaise à Paris, sa dépouille mortelle sera inhumée dans l'après-midi à Troyes, ville de ses origines.