C'est aujourd'hui que les enfants des écoles primaires de la wilaya d'Alger vont rejoindre leurs établissements, soit une semaine après les écoliers des autres régions. Sachant que pas moins de 439 écoles ont été durement touchées par le séisme du 21 mai dernier, c'est à une véritable course contre la montre que se sont livrées les APC, dont dépendent directement les travaux de réhabilitation des édifices affectés. À la veille de la rentrée scolaire, de nombreuses écoles étaient encore en chantier : c'est le cas notamment de l'école Ali-Boumendjel, aux abords immédiats de l'académie, ou de l'école Ahmed-Amine à Belcourt, dont M. Bourouina, président d'APC nous a confirmé le retard pris en matière de travaux. Les choses sont d'autant plus difficiles que sept écoles ont été totalement détruites et que pour parer à l'urgence, les 2 912 élèves qui les fréquentaient se sont vu répartis sur les écoles les plus proches, nécessitant de fait l'instauration de la double vacation. Ce sont donc 329 574 écoliers qui vont se répartir sur un effectif infrastructurel de 825 écoles totalisant 10 154 classes auxquelles s'ajoutent 183 nouvelles. En outre, il faut signaler que 52 607 enfants rentrent en première année, étrennant ainsi les réformes du secteur de l'éducation, et que 5 398 autres intègrent le cycle préscolaire. La rentrée officielle, selon Mme Atmania, chargée de communication à l'académie d'Alger, “se fait à l'école Gaïdi-Messaoud de Rouiba, en présence de M. Ould Abbès, ministre de la Solidarité, et de M. Khaldi, chef de cabinet au ministère de l'Education, et un premier cours relatif au chapitre risque majeur nouvellement introduit dans les programmes, sera dispensé à titre symbolique”. Au volet solidarité, il faut relever que 100 000 enfants sont concernés par l'allocation d'une valeur de 2 000 DA, et que 106 500 trousseaux scolaires seront distribués. Ces actions, certes louables, si elles mettent du baume au cœur des plus démunis, ne suffisent cependant pas à conjurer la détresse sans cesse grandissante de bon nombre de citoyens. C'est le cas des sinistrés des différents sites du Hamma que nous sommes allés voir pour nous rendre compte de leurs soucis, à la veille de la rentrée scolaire : “Mes enfants vont à l'école Bilal-El-Habachi, aux abords de l'hôpital Mustapha, et même si la distance paraît dérisoire pour un adulte, elle constitue un déplacement non négligeable pour un enfant du primaire”, s'inquiète ce parent dont l'immeuble s'est complètement effondré. Ce sont les mêmes propos que nous tiennent la plupart des sinistrés du boulodrome Aïssat-Idir, dont une enseignante en sciences sociales au collège Ali-Mellah, qui en profite pour revenir sur la nuit cauchemardesque vécue en milieu de semaine : “Dès que l'orage a éclaté, les eaux sont montées et certaines tentes ont été inondées très vite, nous obligeant à passer une nuit blanche, alors que mon fils, diabétique de surcroît, allait passer ses dernières épreuves du Bef”. Certes, les responsables et autres autorités se sont déplacés le lendemain, et ont fait creuser une rigole pour tenter d'assécher le site, mais la crainte de voir ce genre d'événements se répéter est dans tous les esprits. “On nous avait promis de nous reloger avant la rentrée scolaire, et voilà que c'est reporté à la période d'avant le ramadhan, donc vers fin octobre alors que les pluies arrivent, que les tentes ne sont toujours pas changées et que l'on ne nous sert plus guère que des conserves, des fruits… bref des repas froids”, s'insurge cet homme visiblement très remonté. Cependant, sur les trois sites visités, on sent que la tendance est au découragement : “Nous savons que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation, et qu'aujourd'hui 39 familles ont été transférées vers Birtouta, mais nous sommes inquiets surtout pour les enfants tant du point de vue de leur scolarité, qui s'en trouvera forcément perturbée, que concernant leur santé directement menacée par l'arrivée de l'hiver”, résume cette mère de famille. En tout état de cause, c'est une rentrée exceptionnelle que vont affronter ces potaches qui continuent de profiter, insouciance oblige, de leurs derniers jours de vacances dans ces camps de toile d'un genre particulier. D. L.