La situation sécuritaire préoccupe au plus haut point les élus de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou. La sonnette d'alarme a été déjà tirée mais les pouvoirs publics sont restés muets devant l'interpellation des élus. C'est pour signaler l'urgence d'une prise en charge de ce dossier par l'Etat que le président de l'APW a interpellé le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia. Le tableau que Mahfoud Belabbas a brossé de la situation est des plus sombres : enlèvements avec demande de rançon, attaques à main armée de bureaux de poste et de transporteurs de fonds, faux barrages, rackets, délinquance diverse, etc. “Voilà ce que subit, depuis plusieurs années, la population locale sans que les autorités publiques prennent en charge cette situation, situation inédite et qui n'est rencontrée dans aucune autre région de notre pays”, considère le président dans sa missive adressée au ministre de l'Intérieur et datée d'hier. Le président de l'APW, d'obédience RCD, a énuméré à l'adresse d'Ould Kablia les kidnappings, une soixantaine, qui ciblent généralement les opérateurs économiques et les enfants de richards et autres industriels. “La dernière victime d'une tentative d'enlèvement a perdu la vie. Il s'agit d'un opérateur économique qui a préféré mourir que de servir de monnaie d'échange”, relève l'expéditeur. Celui-ci rappelle les efforts de l'institution qu'il préside pour alerter qui de droit au sujet de l'insécurité qui allait crescendo avec un pic de violence inouïe. C'est ainsi qu'il rappelle l'organisation, en date du 12 juillet 2008, d'une session extraordinaire de l'APW consacrée à la situation sécuritaire dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les recommandations arrêtées, lors de cette plénière, n'ont connu aucune suite de la part des pouvoirs publics ainsi mis devant leurs responsabilités par les représentants de la population. “Aucune suite n'a été donnée à cette démarche par l'Etat, tandis que les exactions sur la population sont devenues plus nombreuses et plus féroces”, n'a pas manqué de dénoncer Belabbas dans sa lettre d'interpellation. Devant l'absence de l'Etat, la population n'avait le choix que de se prendre en charge, estime le P/APW, qui évoque les marches populaires organisées pour dénoncer les kidnappings et exiger la libération des otages. Une démarche qui s'avérera payante, puisque la manifestation de colère des citoyens est suivie, à chaque fois, par des dénouements heureux, comme c'est le cas à Tigzirt, Boghni, Fréha, etc. Le président de l'Assemblée de wilaya a fait état d'un courrier sur la même problématique adressé par un député du RCD à l'ex-ministre de l'Intérieur qui n'a pas daigné répondre. Le même député remet cela avec l'actuel ministre, mais en vain. “Vous vous êtes muré dans un silence total”, observe M. Belabbas, avant de s'interroger : “Que faudra-t-il faire, Monsieur le Ministre, pour que l'Etat que vous représentez manifeste sa présence auprès de la population et exprime sa volonté de lutter avec fermeté contre la terreur qui s'est emparée de notre région ?” apostrophe-t-il coléreux, soulignant au passage que la sécurité est une attribution de l'Etat consacrée par l'article 24 de la loi fondamentale du pays. Le président de l'APW avait qualifié la situation sécuritaire de “grave”, à l'occasion d'une conférence de presse animée le 8 décembre dernier. “Les manquements, les complaisances, voire les complicités de pans entiers de l'administration, dans cette ambiance de pourrissement questionnent sur les intentions de ceux qui encouragent et sponsorisent cette dérive de plus en plus massive et durable”, avait-il dénoncé par ailleurs.