Le sujet de l'insécurité qui prévaut à Tizi Ouzou a fait, hier, l'objet d'une session extraordinaire à l'Assemblée populaire de cette wilaya où les élus à l'APN, à l'APW et aux APC ont débattu et apporté chacun son point de vue sur la situation sécuritaire et ses répercussions négatives sur le développement de la région. Il est vrai que cette session a été tenue sans la présence des membres de l'Exécutif de wilaya et des professionnels de la sécurité, chose d'ailleurs que certains ont assimilé à “une fête où le marié est absent”, mais du point de vue du président de l'APW, Mohand Ikherbane, qui dirigeait les travaux, l'Exécutif et les corps de sécurité n'étaient pas conviés à cette session qui ne s'est pas fixé comme objectif d'apporter des solutions ou de présenter un quelconque bilan, mais plutôt de poser la problématique de l'insécurité de manière générale et, en tant qu'élus du peuples, exposer l'inquiétude de la population locale qui vit quotidiennement la peur au ventre et interpeller les pouvoirs publics à ce même sujet. “Nous ne voulons pas faire de cette session une tribune à l'invective ou de s'inscrire avec ou contre tel ou tel corps de sécurité, ni encore de nous substituer aux professionnels de la sécurité, mais d'exercer une prérogative légale et légitime qui consiste à répondre aux inquiétudes et questionnements de la population sur une préoccupation cruciale pour son bien-être”, a déclaré le président de l'APW à l'ouverture des travaux. Dans la déclaration liminaire, il est également souligné qu'“il s'agit de communiquer dans la transparence, ce qui est un devoir et un prélude à la production de solutions de sortie de la crise de confiance qui affecte la relation du citoyen avec l'administration”, notamment, ajoute-t-on dans ce document, “en ce qui concerne la sécurité qui est une condition primordiale à toute action de développement. Les élus qui se sont succédé ensuite au micro ont dressé un état des lieux des plus inquiétants sur la situation sécuritaire dans cette wilaya où, estiment la plupart des élus, le terrorisme a fait jonction avec le banditisme et une anarchie qui a permis et qui permet encore aux pêcheurs en eau trouble et aux tenants du pourrissement de tirer profit. Les intervenants dans la plénière se sont accordés à considérer que les services de sécurité ne sont pas à pointer du doigt puisqu'ils ne cessent de fournir des efforts, mais l'insécurité et la violence sociale planent quotidiennement en Kabylie et que c'est inévitable donc de dire qu'il y a des insuffisances et d'exiger des efforts supplémentaires. Dans la déclaration qui a sanctionné les travaux, il est d'ailleurs écrit que “les services de sécurité, quel que soit le corps auquel ils appartiennent, doivent accomplir pleinement et efficacement leur rôle à tous les niveaux et dans le strict respect des lois de la République et des droits de l'Homme”. Les élus soulignent également dans leur déclaration, dont des copies seront adressées à tous les centres de décision au sein de l'Etat, que “conscients que le développement n'est possible que dans la sécurité rétablie, les élus ne ménageront aucun effort pour aider à lutter contre ce phénomène qui gangrène de plus en plus la région, pour peu que les pouvoirs publics partagent cette préoccupation”. La déclaration conclut en estimant que “le devenir de la région dépend de la capacité à rejeter les intrus et les usurpateurs de tout bord qui alimentent le désordre et aussi de la capacité à amener l'Etat à mettre en œuvre ses attributions constitutionnelles”. Samir LESLOUS