Si paradoxal que cela puisse paraître, les hydrocarbures ne constituent pas un gros chapitre détaillé, mis en relief dans les programmes électoraux des six candidats à l'élection présidentielle du 9 avril prochain. A l'exception, peut-être, du PT qui y consacre un bon passage, les autres candidats en compétition survolent le sujet, ou alors en font l'impasse, parlant à grands traits de relance économique. Le président sortant intègre les hydrocarbures dans une problématique économique d'ordre global. Il y est ainsi mentionné que la modernisation de l'agriculture ainsi que les programmes d'investissements publics dans les autres secteurs, notamment le bâtiment et les travaux publics ou l'hydraulique, offriront «d'importants plans» de charge pour la relance industrielle dans notre pays qui doit en tirer profit. Et à ce titre, y est-il ajouté, «je veillerai» à la remise à niveau des entreprises publiques viables et disposant d'un plan de charge. Plus loin, on peut relever que des concours financiers leur seront octroyés, sous forme de crédits avantageux, pour leur redressement et la modernisation de leurs outils de production. De toute évidence, les chefs d'entreprise ne peuvent que se réjouir de tels avantages. Il est par ailleurs noté dans le document en question que «nous associerons à cette démarche les partenaires étrangers disposés à participer à la modernisation de notre outil industriel». Il y est également souligné que «je soutiendrai aussi le développement de la pétrochimie, de l'exploitation minière», ainsi que «la promotion des énergies nouvelles». Cette politique devra également prendre en considération le développement d'industries en aval, et la garantie de la sécurité énergétique du pays à long terme. Le caractère pacifique dans les projets des énergies propres y est noté. Il est ainsi fait état dans le programme électoral du président Abdelaziz Bouteflika de la «promotion de l'énergie solaire dont nous possédons de grandes capacités ainsi que de l'énergie nucléaire à des fins exclusivement pacifiques, pour laquelle, nous devons d'ores et déjà préparer le terrain». D'autres éléments sont aussi contenus dans le document électoral tels que la modernisation des services, en accompagnement à l'investissement économique, le développement des infrastructures de transport terrestre, la modernisation de l'exploitation des ports, «la réhabilitation de nos capacités de transport maritime de marchandises». Pendant le premier et le deuxième mandat du président sortant, le secteur des hydrocarbures a été réformé de fond en comble. C'est une nouvelle législation pétrolière qui a été mise en place. En 2001, elle n'en était qu'à ses débuts ; en 2005, elle a été adoptée par les deux Chambres parlementaires. Non sans vagues. De toutes les lois passées au Parlement, celle sur les hydrocarbures avait focalisé les débats, fait l'actualité, provoqué des remous. Et ce n'est pas fini, fin 2005, une ordonnance a été adoptée pour permettre à Sonatrach d'avoir la majorité dans les permis d'exploration et d'exploitation attribués aux sociétés étrangères. Le chef de l'Etat, dans l'un de ses discours, avait évoqué la problématique des hydrocarbures, en soulignant que l'Algérie doit développer des secteurs de substitution aux hydrocarbures. Dans le programme électoral de Djahid Younsi, le secteur pétrolier est abordé en termes vagues. Il y est question d'œuvrer à faire émerger une économie de substitution aux hydrocarbures, à trouver des produits fiscaux en dehors du pétrole et à faire augmenter la fiscalité ordinaire «d'au moins 60%». Il est vrai que le budget de l'Etat est alimenté en grande partie par la fiscalité pétrolière, pendant que la fiscalité ordinaire ne se développe pas assez, pas comme le veut l'administration financière.Des efforts ont été déployés ces dernières années en vue de relever la fiscalité ordinaire mais sans effets. Dans le programme de Mohand-Oussaïd Belaïd, il est souligné, au sujet des hydrocarbures, la diversification des sources du revenu national en réduisant la dépendance à l'égard des hydrocarbures pour préserver le patrimoine des générations futures. Et en réunissant les conditions nécessaires au développement durable, à la promotion des exportations hors hydrocarbures et à la réalisation de la sécurité alimentaire. Ahd 54 parle dans son programme électoral du renforcement de la législation et des institutions en charge de secteurs liés à l'environnement : il y est mentionné de «définir une politique environnementale sur la pollution industrielle et énergétique à moyen et long terme». Il y est ajouté ceci : diversifier les gisements de création de richesses et rompre avec le statut de mono produit (hydrocarbures). Le FNA n'aborde pas le sujet dans son document électoral diffusé par des titres de la presse nationale. Il y évoque l'environnement et il propose d'élaborer des «mesures adéquates» pour le respect de l'environnement et de la nature. Peut-être qu'il fait allusion ici aux énergies renouvelables au sens large du terme, c'est-à-dire l'énergie propre comme l'un des secteurs de substitution aux hydrocarbures. Le PT, lui, accorde de l'importance au secteur pétrolier. La formation que dirige Louisa Hanoune veut asseoir la souveraineté totale quant aux ressources naturelles. Le parti veut le parachèvement du processus de nationalisation des hydrocarbures et l'abolition de toutes les lois jugées injustes imposées au pays, notamment la loi sur les hydrocarbures de 2001. Toujours dans le secteur énergétique, le PT évoque dans son programme la volonté d'encourager les énergies propres dans le cadre d'une politique environnementale globale, cela contribuera à préserver la santé publique. Le PT recommande de l'investissement public dans le développement de la recherche scientifique en matière d'énergie renouvelable (solaire, nucléaire…). Le parti de Louisa Hanoune s'était élevé contre la loi sur les hydrocarbures et avait fait campagne pour qu'elle soit toilettée, profondément réaménagée. Au final, il a obtenu ce qu'il voulait. Y. S.