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La voleuse
La nouvelle de Adila Katia
Publié dans Liberté le 02 - 01 - 2011

Résumé : Chafika croit que son fils a été ensorcelé. Sinon comment pourrait-il croire avoir un avenir avec une femme, son aînée de plus de quinze ans. La mère jure de “ramener” son fils à la raison en consultant des marabouts, alors qu'il est question d'amour, uniquement.
19eme partie
-El Hadj, laisse-moi faire, le prie-t-elle. Ne cherche pas à savoir ce que je vais faire et qui je vais voir ! Tu risquerais de te fâcher.
- Où vas-tu ? veut-il savoir.
- Je connais une amie. Elle pourra nous renseigner sur elle, lui affirme-telle. Dépose-moi ici !
- Je repasse te chercher dans combien de temps ?
- Une heure, répond Chafika avant de descendre de voiture.
L'amie en question n'est qu'une voyante, d'un âge avancé. Khalti Aïcha, qui d'habitude ne reçoit que l'après-midi, consent à faire une exception, Chafika est bouleversée. Son cas est urgent. Elle ne lui dit rien de ce qu'elle a vécu depuis la veille.
Elle attend d'être éclairée, sans la guider.
- Apparemment, tu as passé une mauvaise nuit ! remarque la voyante en scrutant les fèves qu'elle faisait sauter dans un tamis. Tout cela à cause d'une femme, aux cheveux clairs. Il n'y a pas longtemps qu'elle est entrée dans ta vie, mais dans celle de ton fils, il y a longtemps. Ton fils est lié à elle. Elle a un grand pouvoir sur lui.
- Je savais qu'elle l'a ensorcelé ! soupire Chafika avant de s'agripper à son bras, lui demandant de l'aider. La vie de mon fils en dépend. Il faut que tu me fasses quelque chose, pour qu'il revienne à la raison, qu'il mette un terme à cette relation. Je payerai le prix, maintenant s'il le faut, mais propose moi quelque chose !
- Le philtre te reviendra à vingt mille dinars et pour chasser les mauvais esprits, je te préparerais un encens, lui promet khalti Aïcha. Seulement, il me faudra sept nuits. je commenceras dès ce soir. Dans une semaine, reviens à cette heure-ci, tout sera prêt. Chafika lui remet ses boucles d'oreilles en or. En guise de cadeau.
- Il faut que ton philtre soit plus fort que le sien. Peut-être qu'elle aussi, pense à lui en faire un autre !
Khalti Aïcha la rassure et lui promet de mettre à son profit toutes ses connaissances. Son fils lui reviendra et mettra fin à cette relation.
Chafika la remercie et part, toujours aussi inquiète et incertaine. El Hadj l'attendait un peu plus loin. Elle monte dans la voiture et lui demande de démarrer. Tout en s'exécutant, son mari veut en savoir plus.
- Elle la connaît ? Que sais-tu sur elle ? l'interroge-t-il.
- D'après elle, c'est le diable personnifié, répond- elle. J'ai de la peine, jamais je ne lui pardonneras de vouloir nous voler ce qu'on a de plus précieux !
- En te querellant avec elle, tu lui as donné l'occasion de le monter contre nous, lui reproche El-Hadj. Je n'aurais jamais dû t'emmener à l'hôpital. Chafika ne répond rien. Elle pense à cette semaine où il lui faudra patienter alors que la patience n'est pas son point fort. De retour à la maison, elle est si soucieuse qu'elle n'arrive pas à se concentrer sur ce qu'elle fait. Pour la première fois depuis des mois, elle prend le téléphone et compose le numéro de sa fille aînée. Elle devait la mettre au courant de la situation, et ce, si Djamel ne l'avait pas encore fait.
(À suivre)
A. K.


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