Les nomades touareg sont de plus en plus encouragés à se sédentariser. Seules quelques centaines parmi eux ont choisi de continuer à vivre selon les habitudes ancestrales, c'est-à-dire sous la tente. Le gouvernement a offert une aide non remboursable aux Touareg nomades pour fabriquer des briques avec la matière locale et construire eux-mêmes leur maison à l'instar du village de Tegumaouine. Les nomades dont la plupart des Touareg ont bénéficié de logements ruraux construits en dur dans les zones les plus reculées du désert ont également réalisé des écoles primaires pour leurs enfants. Les campements des nomades ont bénéficié de l'énergie solaire mais aussi d'un stade de proximité. “Les Touareg ont un cadre de vie précis et l'Etat fait des efforts pour améliorer leur quotidien comme tout citoyen algérien”, nous précise un responsable local. Notre déplacement avec la caravane de prévention et sensibilisation de la Protection civile dans la wilaya de Tamanrasset nous a permis de s'enquérir de près de la situation des Touareg algériens dans l'extrême désert. Nous avons découvert des agglomérations proprement dites dispersées sur un parcours de 670 km qui sépare In Salah de Tamanrasset, à part les petites oasis d'In Amguel et Tit, et les postes militaires d'Arak et In Ecker. 5 heures pour traverser 80 km à Tam Il était 8h du matin quand la caravane de la Protection civile a pris la route de la ville de Tamanrasset vers le village de Tagmart à distance de 80 km. “Ce n'est pas le Nord, le trajet sera long”, nous avertit ammi Salah, agent de la Protection civile et notre guide lui-même Targui dans cette mission à bord des 4x4 et Toyota-Station. Effectivement, nous avons mis près de 5 heures pour arriver au point programmé. Difficile de parcourir les pistes. El-Sakina, une jeune fille de 14 ans, est la seule élève au CEM à Tegumaouine. Elle parle arabe et était notre traductrice. En même temps, c'est elle qui nous guidait à travers ce petit village en dur. Elle nous montrait fièrement l'école primaire où elle a fait ses études avant de rejoindre le CEM à Tamanrasset. “Je suis fière d'avoir pu continuer mes études ; je veux devenir médecin pour soigner ma tribu.” Un potager au milieu du désert, qui dit mieux ! Son père est l'artisan des briques locales. “Ça fait seulement deux ans qu'on s'est stabilisé dans ce village. Nos enfants ont la chance d'étudier et de vivre dans des conditions meilleures”, dit-il. Sa femme est tout heureuse et fière de nous montrer sa cocotte-minute. Elle nous l'exhiba comme un bijou ! Elle ajouta : “Nous avons un château d'eau et enfin des robinets, comme ça on peut rester sur place avec nos enfants.” Dans la cour de la maison, une tente est dressée, une manière pour signifier que le Targui reste toujours attaché à ses traditions. Dans le deuxième village, des petites agglomérations attirent notre attention. Mais ce qui nous a le plus surpris c'étaient des petits vergers contenant plusieurs sortes de légumes et fruits dans ce désert : des tomates, de l'oignon, de la salade et des palmiers nains. Mohamed “loukil”, c'est-à-dire le chef du village en l'absence de son père, nous explique que l'eau potable est disponible et constitue une raison de leur stabilité d'autant que pour le nomade, la présence de l'eau est primordiale pour le choix de l'implantation des huttes comme habitations. “Des fois, les hommes partent avec leurs troupeaux à la recherche de pâturages mais généralement leur famille reste ici, aujourd'hui ils ont des logements, des écoles et de l'eau.” Selon un responsable local, tout est mis en œuvre pour mettre un terme à la situation de “désertification” de cette région. Des centres de vie sont installés au niveau des stations de pompage du tracé de la conduite d'eau. Des poteaux électriques à perte de vue, forêt de métal dans un pays sans arbre. Des lotissements qui sortent de terre à la périphérie des oasis, partout à Tagmert 1 et 2, à Illamen, Hirafouk et Amsil, la croissance des agglomérations est visible, annoncée par des châteaux d'eau peints récemment, du matériel de chantier au bord des routes, des quartiers flambants neufs gagnés sur le sable. Désormais, la population nomade est plus citadine comme c'est le cas à In Guezzem, ville frontalière avec le Niger. Selon Boukhem Leg, le vice-président de la commune de In Guezzem, 14 000 habitants y résident, dont 80% sont des Touareg et 4 000 nomades. Il nous fait savoir que ces nomades touareg ont bénéficié des dons provenant du ministère de l'Intérieur. “On a l'habitude de recevoir des aides alimentaires mais c'est la première fois qu'on reçoit de telles quantités d'aide”. les nomades touareg ont pu bénéficier ainsi de 2 600 tentes, 1 400 couvertures, 2 873 sacs de semoule, 35 924 kg du riz, 17 963 kg de lait Lahda, 71 847 kg de semoule, 17 963 kg de sucre et 1 150 litres d'huile, 35 924 kg de pâtes. Le responsable de la commune nous explique également que chaque délégué des nomades touareg se présente au niveau de la commune. “Ils sont recensés.” Chacun prend sa part de dons contre une décharge pour la présenter aux services des douanes afin de lui délivrer un visa de passage. De l'énergie solaire pour un village 100% touareg Le vice-président de l'APC nous fait également savoir que 1 300 familles, se trouvant à 180 km de In Guezzem, ont été touchées par ces aides et l'opération se poursuit. Le budget annuel alloué à cette commune ne dépasse pas le 1 milliard de dinars. “On souffre du chômage, il n'y a pas d'usines, ni de sociétés pouvant absorber ce fléau”, déplore-t-il. Il faut dire que beaucoup de jeunes touareg, qui travaillent généralement comme guide touristique ou chauffeur, se trouvent cette année au chômage, et ce, devant le recul du tourisme. Au village de Tirhent, 100% tergui, on a constaté la présence de panneaux de l'énergie solaire. Mohamed Bourchi, ce jeune Tergui, âgé de 23 ans, ayant un niveau de 9e année fondamentale, et ayant déjà passé son Service national dans le Nord et grand supporter du Mouloudia d'Alger, travaille comme électricien au niveau du projet de construction de logements de fonction pour les enseignants. “On a certaines commodités, en tout cas mieux que nos parents, sauf qu'on souffre du chômage. j'ai cette chance de travailler maintenant, mais qui sait demain ?”, s'inquiète-t-il. Il nous a fait part aussi de son espoir de rejoindre les rangs de la Protection civile mais son niveau ne le permet pas. “Plusieurs Touareg sont des pompiers et malheureusement je n'ai pas eu cette chance.” Au village de Mohamed, il y a aussi un stade où se disputent des matches de foot local encouragés par des petits supporters qui connaissent même l'équipe du Barça, et ce, grâce à la télévision présente dans leur foyer. Dans quelques villages de ce désert, des travaux pour la réalisation de pistes ont été lancés pour sortir ces villages de l'isolement d'autant que les moyens de transport sont quasi inexistants sauf la Toyota-Station qui reste très demandée dans les cas urgents moyennant la somme allant de 300 DA à 1 500 DA !