La bonne vieille, fidèle et classique carte postale a disparu des étalages, pour céder la place aux vœux virtuels qui nécessitent juste un clique, qui donnera un échantillon presque illimité, idem pour la pellicule (film photo) ne se porte guère mieux. La carte mémoire avec ses capacité inouïes porte l'estocade au bon vieux film argentique trop limité et capricieux, après plus d'un siècle de service… Qu'en est-il du livre, toutes catégories confondues. Les plus grands moteurs de recherches à l'exemple du géant Google, annoncent tambour battant l'arrivée imminente de leurs bibliothèques virtuelles sur le Net. L'ami de toujours : le livre, car c'est de lui qu'il s'agit, est appelé à disparaître, ou peut-il compter sur une fidélité réciproque des lectrices et lecteurs ?, lui, leur serviteur et support du savoir depuis l'invention de l'imprimerie… À la bibliothèque (salle de lecture) de la maison de la culture de Batna, on ne s'inquiète pas outre mesure de ce qui semble être qu'un effet d'annonce. La salle de lecture ne désemplit pas, contrairement au club Internet dans le même étage et au même tarif, où il y a, à peine une dizaine d'adhérents. Dans les deux grandes salles de lecture, bien éclairées, des étudiants, des lycéens, professeurs d'université, fonctionnaires et autres chercheurs, trouvent souvent dans les 14 000 ouvrages disponibles à la bibliothèque, ce qu'ils cherchent ou qu'ils étudient. Aussi bien le roman, le récit, que le manuel scolaire ou parascolaire, le guide, le dictionnaire sont disponibles. La disponibilité explique peut-être en partie le nombre des adhérents à la bibliothèque qui ne cesse de grimper. Nous nous sommes rapprochés des adhérents, sans perturber l'atmosphère des lieux, pour avoir des réponses à nos questions. Trois jeunes et futurs médecins (en résidanat) Barkat Asma, Bitam Leila et Sahraoui Firouz, nous expliquent, qu'aussi bien les tarifs d'adhésion à la bibliothèque, que la quiétude des lieux, que l'atmosphère du travail sont autant d'éléments, qui font qu'elles aiment venir préparer leur concours à la maison de la culture, qui est bien située. Il en ressort que le travail en groupe et l'échange à trois, élimine la solitude face à un ordinateur, quand bien même branché sur Internet. Asma nous dit à ce propos : “Je préfère le contact humain, et sans mes copines je ne peux pas travailler.” Cependant un inconvénient que les futurs praticiennes soulignent, et, souhaiteraient qu'on le règle, les heures de travail, pas commodes pour tous, sachant que durant les vacances scolaires, la bibliothèque reste ouverte. À une table voisine deux lycéens déposent une pile de livres, qu'ils consultent sans cesse. Hamza est un habitué de la bibliothèque, c'est ça deuxième année d'abonnement et il ne compte pas changer. Interrogé sur cette assiduité, il nous répond : “Pour travailler ensemble on vient ici, car aucun de nous (amis) ne peut recevoir le groupe chez lui. Et même les copains, qui ont le Net à la maison, préfèrent travailler en groupe, au lieu de rester seul.” Il confirme les dires de nos étudiantes futurs médecins, quant au choix du contact humain, qui signifie certainement échange, aide et convivialité. C'est Imène, lycéenne (terminale gestion économie) qui détient le record de l'ancienneté, quatre ans à la bibliothèque de la maison de la culture. Elle affirme qu'aussi bien pour sa lecture personnelle que pour se documenter ou encore réviser ses cours, y a pas mieux que le contact direct avec le livre. À elle seule, elle a réussi à convaincre plus de quatre copines de classe, à venir s'inscrire en bibliothèque. Entre clavier, souris, écran et livres beaucoup d'encre va couler sous les ponts, mais cette expression vivra-t-elle ? Un futur très proche nous le dira.