L'auteur, professeur de philosophie, profite d'un voyage en Algérie pour revenir sur les traces de Jean Boudou, un enseignant coopérant français après l'Indépendance. Il passa les dernières années de sa vie à l'école d'agronomie de Larbatache d'Alger, école où a eu lieu, en 1964, la première “Journée de l'arbre”, où Che Guevara et Fidel Castro sont venus en personne planter leur arbre. Francis Pornon, désirant comprendre l'initiative de Jean Boudou, tentera à travers un long périple de retracer les dernières années de la vie du poète occitan. Ce voyage l'aidera aussi à se retrouver lui-même, remise en question intéressante à l'âge de l'auteur. C'est à travers ce périple qu'il redécouvrira une Algérie qui a souffert de nombreuses crises. Il retrouvera également d'anciens amis. Certains ont changé, d'autres croient toujours en leurs idées. Mais il découvrira surtout la “nouvelle génération”, celle qui l'aidera à “comprendre” son voyage. Cet ouvrage est présenté sous forme d'un carnet de bord, réel journal qui, au jour le jour, retrace le voyage de l'auteur. Etape par étape. D'abord la capitale, trouver les contacts qui l'aideront à accomplir son dessein. Parler de ce qui s'est passé en son absence. L'occasion de comparer l'Algérie “d'avant” à celle d'aujourd'hui. Même si son regard est souvent dur, faisant parfois abstraction de l'histoire douloureuse du pays, l'auteur porte ouvertement une grande affection au pays. Ce qui justifie, selon l'auteur, ses critiques. Et c'est ce qui justement le lie à Jean Boudou. Tous deux originaires du sud de la France, ils se “sentent en Algérie comme chez eux”. Puis le voyage vers Larbatache. La triste surprise lorsqu'il découvrira l'état dans lequel il se trouve, abandonné depuis les années 1990. Puis le retour à Alger, l'occasion de retraverser “le Grand Fleuve” pour la France et l'adieu aux “copains”. Récit souffrant, malheureusement, de quelques lenteurs mais l'introspection et le style de l'auteur, qui tient plus du poète que du romancier dans ce carnet de voyage, compensent largement ce point négatif. Finalement, ce qui marque ce carnet de voyage, c'est la rare sincérité de l'auteur, qui rit d'être traité de colonialiste par un libraire croisé à Alger. Suivant les traces de Jean Boudou, il se marque hors du temps, loin des clivages que crée l'actualité souvent absurde et s'exprime comme il le souhaite. Comme les gens du Sud. En Algérie sur les pas de Jean Boudou, de Francis Pornon, carnet de voyage, 130 pages, éditions Lazhari Labter, collection Passe-Poche, octobre 2010, 300DA.