Des centaines d'étudiants de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa ont organisé une marche pacifique durant la matinée d'hier, au centre-ville. Une manifestation initiée par le comité de crise de l'université, composé d'étudiants et d'enseignants. La marche s'est ébranlée du campus Targa-Ouzemour vers le siège de la wilaya où un rassemblement, suivi d'une prise de parole, a été organisé. “Non au chômage” ; “Non à la corruption” ; “Du travail pour tous et une vie digne” ; “Pour les libertés individuelles, collectives et syndicales” sont autant de mots d'ordre transcrits sur des banderoles, brandies par les marcheurs qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir. Les différents intervenants, étudiants et enseignants qui se sont succédé à la tribune du meeting improvisé devant le siège de la wilaya, n'ont pas manqué de souligner que les émeutes qui ont secoué certaines wilayas du pays ne peuvent être réduites à des émeutes de la faim. “La nature de la crise ne serait être limitée qu'à la flambée des prix”, estime un étudiant dans son intervention. “C'est toute la politique, ajoute-t-il, du pouvoir qui à échoué.” De son côté, Kamal Aïssat, enseignant syndicaliste, a abondé dans le même sens sur la nature de la crise, jugée éminemment politique. L'intervenant, militant de l'extrême gauche, a lancé un appel à la population en vue de se constituer en comités de quartier et de village. Objectif : mettre en place un mouvement social d'envergure. Les intervenants n'ont pas manqué d'exiger l'abandon des poursuites judiciaires à l'encontre des manifestants arrêtés. Dans sa déclaration, le comité de crise a indiqué que “les émeutes n'ont été que l'expression d'une révolte indiquant le marasme que vivent les jeunes dans leur situation désespérée”.