Résumé : Pendant que Fettouma et les garçons fêtaient l'indépendance, Si Tayeb repensait à son fils Mahmoud, et à tous ceux qui étaient tombés en martyrs pour que revive l'Algérie. Sentant sa fin proche, il demande à Lla Z'hor et à Si Ahmed, et de prendre soin des enfants. 58eme partie Si Ahmed lui prend les mains et les serre dans les siennes : - Ne t'en fais donc pas Si Tayeb, tes petit-enfants, sont les nôtres aussi. Ils ne manqueront de rien, et puis ils ont leur mère. Fettouma est aujourd'hui une femme accomplie. La guerre l'a bien mûrie. Elle n'est plus cette femme-enfant qui a épousé Mahmoud il y a de cela plus de 16 ans. Tu as notre promesse Si Tayeb… Tant que nous serons de ce monde, nous n'allons abandonner ni Fettouma ni les enfants. - Merci Si Ahmed. Je voulais m'entretenir avec toi sur ce sujet, mais chaque fois que j'essayais de l'entamer, Fettouma intervenait. Et je ne voulais pas l'alarmer davantage. Déjà qu'elle est assez fragilisée comme cela par la perte de son mari, et de Kheira. - Que Dieu ait leur âme. - Mais je veux surtout Si Ahmed, que tu t'occupes de la gérance des magasins. Certes jusqu'à ce jour, je n'ai pas eu à me plaindre de mes employés, mais sait-on jamais ce qui pourrait arriver quand je ne serais plus là. - Je m'en occuperais. Promis. Mais assez parlé Si Tayeb. Essaye de dormir un peu. Le repos te fera du bien, et tu pourras bientôt reprendre tes forces. Si Tayeb sourit : - Tu oublies mon ami que je vais sur mes 82 ans. J'ai déjà fait de vieux os dans ce monde, et je n'aimerais point être une charge pour les autres. J'ai fait mon temps. Et je dois céder la place aux autres pour assurer leur avenir. Rachid sera bientôt adulte et pourra t'aider. - Rachid travaille bien à l'école. J'aimerais plutôt qu'il songe à poursuivre ses études et à décrocher de bons diplômes. - Oui… C'est mon souhait le plus cher pour mes petits enfants. Mais il faudra aussi les initier aux affaires. Tous mes biens leur reviendront un jour. - Pour cela, ils sont déjà un peu initiés par leur mère. Tu oublies que Rachid passe le plus clair de son temps libre dans tes magasins. - C'est ce que m'avait dit Fettouma l'autre jour... Dieu soit loué, je laisse une descendance qui reprendra et mon nom et mes biens. - Dieu en soit loué. Fettouma et les enfants revinrent. Essoufflés et rouge d'émotion. La jeune femme rejette son voile, et se jette sur une chaise en s'éventant : - Quelle chaleur il fait. Nous avons fait une longue tournée à travers la ville… Je suis épuisée. Meriem, Meriem… La petite fille qui était sagement restée dans sa chambre, vint en courant : - Oui Maman ? - Prépare-nous donc une citronnade. La petite fille s'empresse de presser quelques citrons et d'en remplir un pichet d'eau dans lequel elle rajoutera quelques cuillerées de sucre. Elle dépose des verres sur la table basse et se met à les remplir de ce breuvage rafraîchissant. Rachid brandit son drapeau : - Vois-tu grand-père Tayeb, j'étais fier de voir flotter notre drapeau sur tous les toits et les balcons. C'est une fierté pour nous d'avoir enfin notre indépendance. (à suivre) Y. H.