Parler de haï Boukarana de Chelghoum Laïd revient à parler de la plus importante citée illicite en Algérie. Située à un jet de pierre au sud du chef-lieu communal de Chelghoum Laïd, elle abrite, aujourd'hui, plus de 17 000 âmes, selon les statistiques de la commune, soit plus d'habitants que la plupart des communes de la wilaya de Mila. Cosmopolite, elle est constituée de familles de diverses origines, venues durant les trois dernières décennies presque à l'insu des responsables locaux qui se sont succédé à l'hôtel de ville. Le laxisme des élus aidant donc, les occupants des lieux, issus de plusieurs mouvements d'émigration interne, ont trouvé un climat favorable pour ériger des bidonvilles aux portes de la ville, lesquels seront graduellement transformés en habitations en dur. Le tout dans l'anarchie la plus totale où aucune norme urbanistique n'est respectée. Résultat : plus de 17 000 âmes végètent dans une grossière bourgade démunie de routes, de rues et d'espaces de loisirs. Une promiscuité invivable ! Que se passerait-il alors si un incendie venait à se déclarer à haï Boukarana ? En vérité, c'est là toute la question qui taraude les élus actuellement et leur donne froid dans le dos pour la simple raison que la cité en question, avec toute sa population, est construite, tenez-vous bien, au-dessus des tuyaux de transport du gaz de ville qui alimente Chelghoum Laïd ! Là, on n'a pas droit à l'erreur, car la moindre étincelle, la moindre mauvaise manipulation d'un godet d'excavateur, pourrait transformer cet endroit surpeuplé en une poudrière. Alors si le laxisme des élus, par le passé, a permis l'apparition de haï Boukarana, n'est-il pas grand temps, aujourd'hui, de penser aux moyens de sécuriser ses habitants ? Ne dit-on pas qu'il vaut mieux prévenir...