Au lendemain de l'attentat meurtrier perpétré lundi à l'aéroport moscovite de Domodedovo, alors même qu'il n'a été revendiqué par aucune organisation, la piste kamikaze se confirme. On soupçonne soit une opération tchétchène soit du Nord Caucase, une petite région où a lieu une guérilla islamiste contre le pouvoir de Moscou. Cette thèse a été corroborée par une source policière qui a affirmé, lundi, que la tête du kamikaze présumé a été retrouvée et qu'il s'agirait d'une femme “de type arabe”, qui portait un vêtement “islamique”. Cela n'est pas loin de rappeler les “veuves noires” tchétchènes, et on pense que cette femme était accompagnée d'un homme, selon un mode opératoire observé dans des attentats antérieurs. D'autres sources ont néanmoins affirmé que la police russe était sur les traces de trois hommes originaires du Nord Caucase et que ceux-ci ont pu s'échapper avant de commettre l'attentat. Ce qui est établi avec certitude, c'est que le kamikaze s'est fait exploser parmi la foule qui attendait les arrivées des vols internationaux, et la bombe utilisée, d'environ sept kilos d'équivalent TNT, était bourrée de fragments de métal, ce qui explique le nombre élevé de victimes et la présence de plusieurs étrangers parmi elles. L'attentat a fait au moins 35 morts 43 des 110 personnes hospitalisées étaient dans un état critique, hier matin, selon une source hospitalière. Ce n'est pas la première fois que l'aéroport de Domodedovo, le plus important de Russie avec ses 22 millions de passagers annuels, est lié à une affaire de kamikazes. C'est de cet aéroport qu'avaient décollé, en 2004, deux avions de ligne que des femmes kamikazes ont fait exploser peu après. L'enquête avait alors révélé que les terroristes avaient bénéficié de complicité parmi les services de sécurité de l'aéroport. C'est sans doute cet antécédent qui justifie les propos particulièrement sévères du président Medvedev, d'autant plus que l'imminence d'un attentat dans un aéroport était connue des services de sécurité. “Ce qui s'est passé montre clairement qu'il y a eu violation des règles de sécurité”, a-t-il dénoncé hier. Sans cela, a-t-il ajouté, il est impossible “de faire passer une telle quantité d'explosifs”. Le président russe s'est montré menaçant et a promis que “tous ceux qui ont des responsabilités, ceux qui prennent les décisions et la direction de l'aéroport devront répondre de tout”. Le président russe, qui a annulé sa participation au Forum de Davos, en Suisse, a promis d'arrêter les coupables et de les faire juger. Il a aussi annoncé le renforcement des mesures de sécurité dans tous les aéroports et les grandes plates-formes de transport en Russie. La présence policière a été particulièrement renforcée dans le métro de Moscou, cible de plusieurs attentats, dont le dernier en date a été perpétré en mars 2010 et a provoqué la mort de quarante personnes. Dès que la nouvelle de l'attentat a été connue, les condamnations de la communauté internationale ont afflué. Du président américain Barack Obama au Français Nicolas Sarkozy, en passant par le secrétaire général de l'ONU et celui de l'OTAN, le monde entier a été unanime pour condamner un acte particulièrement “odieux”.