Alors que le président US exige un départ immédiat de Hosni Moubarak, sa secrétaire d'Etat accrédite la thèse du chaos que met en avant le raïs pour justifier son refus de quitter le pouvoir malgré douze jours de manifestations ininterrompues dans toute l'Egypte. Au 12e jour des manifestations anti-Moubarak, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a apporté de l'eau au moulin du président égyptien en prévenant que la marche vers la démocratie au Moyen-Orient présente néanmoins des “risques de chaos”. Elle accrédite ainsi les thèses du raïs en estimant que la conjoncture y était “parfaite” pour une “tempête”. Voilà une prise de position qui va à l'opposé de celle prônée par le patron de la Maison-Blanche, qui exige un départ immédiat de Moubarak. Elle relativisera néanmoins en ajoutant que “sans progrès vers des systèmes ouverts et responsables, le fossé entre les peuples et leur gouvernement va s'accroître et l'instabilité s'aggraver”. Dans le même ordre d'idées, elle soulignera qu'à “travers la région, il doit y avoir un progrès évident et réel vers des systèmes transparents, honnêtes et responsables. À l'heure actuelle, dans certains pays, cette transition avance rapidement ; dans d'autres, cela prendra plus de temps”. Ceci étant, le président égyptien, Hosni Moubarak, donnait l'impression hier de s'accrocher au pouvoir face à la pression populaire et internationale réclamant son départ. En effet, ne laissant apparaître aucun signe d'une volonté de démissionner, malgré les nombreux appels d'officiels américains l'incitant à partir le plus vite possible, il a tenu le matin une réunion avec des membres de son nouveau cabinet avec l'espoir de trouver une issue à la crise qui menace son régime depuis le 25 janvier. À signaler la démission du bureau politique du parti au pouvoir (PND), dont Gamal Moubarak. Sur la place Tahrir, des milliers de manifestants continuaient à scander “va-t-en ! va-t-en !”. Certains cherchaient à empêcher le matin des chars de l'armée de quitter la place, par crainte que leur départ ne se traduise par la reprise de violences avec les militants pro-Moubarak. Quand ils ont entendu au petit matin rugir les moteurs des chars et des blindés, des dizaines de manifestants se sont précipités pour s'asseoir autour des engins en suppliant les militaires de rester là. Ainsi, des milliers de manifestants ont passé une nouvelle nuit sur la place Tahrir, certains sous des tentes, d'autres à même le sol, malgré le couvre-feu, après une journée marquée par des manifestations de centaines de milliers de personnes à travers le pays pour réclamer le départ de Moubarak. Des coups de semonce ont été entendus samedi avant l'aube semant quelque temps la panique. Sur une banderole géante devant un immeuble de neuf étages, les manifestants ont exposé leurs revendications : outre le départ du président, ils réclament la dissolution du Parlement, la mise en place d'un gouvernement de transition, et la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1981. Ceci étant, Barack Obama a déclaré vendredi que “des discussions” s'étaient engagées sur la transition politique en Egypte. À en croire le New York Times, Washington discute avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat du président Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par M. Souleïmane. Par ailleurs, des informations sur la fortune amassée par Moubarak en trente ans de pouvoir commencent à circuler. Il aurait pu, avec son épouse et ses deux fils, amasser et transférer à l'étranger une fortune estimée à plus de 40 milliards de dollars (25 milliards de livres sterling) indique The Sun. Selon d'autres sources, ce pactole est placé, dans des biens fonciers acquis aux Etats-Unis et dans des pays d'Europe occidentale, dont la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France et l'Espagne, ou sous forme de placements dans des entreprises américaines, des banques suisses et britanniques ou des fonds d'investissement américains et britanniques. La fortune des Moubarak se répartirait entre les quatre principaux membres de la famille comme suit : Hosni Moubarak : 15 milliards de $US, son épouse Suzanne : 1 milliard, leur second fils Gamal : 17 milliards et leur fils aîné Alaâ : 8 milliards.