L'auteur propose sept variations sur le thème de la mort. Il appréhende l'écriture sous un prisme psychologique. Biologiste de formation, Tarik Taouche, lauréat du premier prix du concours de la nouvelle Arts et Culture 2006, s'engouffre dans les abysses de l'âme humaine et propose un recueil de sept nouvelles, hautement anxiogènes. L'univers est noir, et le jeune auteur semble cultiver un goût pour le macabre, le morbide et la mort. L'écriture tendue et parfois naïve de Tarik Taouche n'arrange en rien l'atmosphère pesante du recueil. Lectrice de journal est la nouvelle qui inaugure ce recueil et ouvre les hostilités. Le narrateur omniscient nous replonge dans l'enfer de la décennie noire, à travers l'histoire d'“elle”. Elle, c'est une sans-abri qui retrouve enfin son identité perdue par le biais d'un article de presse. Mais il est trop tard pour elle, car elle a déjà franchi la muraille invisible. Elle a déjà cédé à la folie. Cette folie qui était un refuge devient un obstacle, une damnation, une barrière qui l'empêche d'être qui elle est. Dans Sous les pales, Tarik Taouche relate une histoire d'amour, celle de Fouad et Selma, sur un fond de guerre et de désolation. Il est question de la mort comme élément libérateur. La mort est comme un catalyseur qui déclenche donc une réaction : la liberté. Avec l'Homme en noir, le nouvelliste s'interroge sur l'amour filial et la relation qu'on entretiendrait avec les membres de sa famille. Tuer son père, tuer sa mère est-il un acte d'amour, un acte libérateur ou un acte immonde que la morale condamne ? Quelles sont les limites de la morale ? L'écrivain semble s'interroger sur cela à travers l'histoire d'un jeune homme qui se retrouve par le pur des hasards dans un jardin. Un somptueux jardin où il aperçoit un homme mystérieux, vêtu en noir, et où il rencontre une femme qui lui affirme qu'elle est sa sœur. Loin d'égayer notre lecture, l'auteur enfonce le clou en s'intéressant dans l'Arum à un homme très malade, malheureux et sans espoir, pour qui le meilleur moment de la journée, c'est quand sa voisine lui apporte des fleurs. Son épouse, fût-elle attachée à lui, n'arrive pas à le sortir de sa solitude et lui extirper la douleur. À la faveur d'un dîner entre de supposés amis, notre homme réalisera qu'il ne reconnaît plus personne, mis à part son épouse qui le pleure à chaudes larmes. Et d'ailleurs pourquoi pleure-t-elle ? Est-il mort ? A-t-il “enfin” perdu la vie ? Il ne souffrira plus physiquement, mais il n'échappera pas à la souffrance des siens. Le personnage central de la Montre se noie et on suffoque avec lui, celui de Gynécée réinvente la solitude, et H-1 franchit littéralement le mur du son avec une histoire construite sur des confidences, des meurtres et surtout du renoncement. Si la plupart des personnages de ce recueil cèdent à la folie, ils sont surtout tournés vers eux-mêmes et refusent de voir le monde tel qu'il est vraiment. Les mauvaises intentions qui emplissent notre monde, l'hypocrisie sur laquelle est construite la civilisation humaine est rejetée par les personnages qui n'appréhendent le monde et ne le conçoivent qu'à partir de leur propre nombril. L'écriture théâtrale de Tarik Taouche se confond avec sa candeur. Schyzos. Petites histoires de gens lambda nous présente un jeune auteur à l'écriture tendue qui gagnerait à moins broyer du noir. Schyzos. Petites histoires de gens lambda, de Tarik Taouche. Recueil de nouvelles, éditions Chihab, 104 pages. 350 DA.