Appels aux manifestations, échange d'informations, actes de piraterie informatique, la révolution arabe est aussi virtuelle. La Toile ne sert pas à diffuser de la propagande extrémiste, elle offre aussi la possibilité de promouvoir la démocratie. Grâce à l'internet et aux médias sociaux (Twitter, Facebook, You tube), la colère des manifestants arabes devient épidémique en deux clics et trois téléchargements. Appels aux manifestations, échange d'informations, actes de piraterie informatique, la révolution arabe est aussi virtuelle. Et quand la télé en continue (Al-Jazzera, France 24) s'en mêle, c'est toute la planète qui a l'impression d'y participer. À l'évidence, si la colère d'un peuple peut aujourd'hui se manifester aussi par le canal des nouvelles technologies, le succès d'une révolution dépend toujours d'une recette éprouvée : il faut des révolutionnaires en chair, en os, et dans la rue. En Egypte, il semble que l'étincelle de la révolte soit deux bouts de femmes, une “Twittereuse”, cheveux au vent, et une “You tubiste”, voilée mais visage découvert, qui ont enjoint, le 18 janvier, aux Egyptiens et Egyptiennes, de venir les rejoindre dans la rue pour la manifestation de l'emblématique place Tahrir. “Si vous restez à la maison, alors c'est que vous méritez ce qui vous arrive !” Sur le réseau de microblogues Twitter, l'étiquette #Jan25 est rapidement devenue épidémique et des milliers d'autres internautes égyptiens ont relayé en diffusant des photos, des texto et des vidéos sur les rassemblements. Le pouvoir a bloqué la Toile, une première dans le monde, mais il a vite rétabli les connexions devant les mises en garde de Washington. La mobilisation s'est encore accrue sur le Net jusqu'à prendre une allure mondiale. La diffusion en live de la révolution égyptienne en gestation a certainement aidé à la faire connaître et à inspirer d'autres jeunes Arabes à suivre la voie. Tandis que les réseaux de télévision jouent un rôle de témoin en relayant l'action une fois qu'elle est en marche, comme Al-Jazzera et France 24, les réseaux sociaux du Net font des liens tout en faisant également de l'information. Le rôle de l'internet reste cependant virtuel. Il ne peut pas y avoir de révolution sans révolutionnaires. Et dans cette perspective, le passage de la discussion à l'action reste plus difficile. Des conditions doivent être réunies et le tout est de savoir quand s'allume l'étincelle ? Une immolation de trop en Tunisie ? Des blogues depuis plus d'une année en Egypte grâce à “Droits et Démocraties”, un programme américain de formation d'écriture sur le web qui a permis aux journalistes traditionnels de s'initier à ce nouveau média qu'est le Net et aux blogueurs de perfectionner leurs outils techniques et leurs notions journalistiques. Quelque 120 journalistes et blogueurs ont profité de cette formation unique, pour le moment, dans le monde arabe.