La fondation France Libertés a accusé le Front Polisario et même l'Algérie de graves violations à l'encontre des prisonniers de guerre marocains. Dans un rapport qu'elle a publié à l'issue d'une mission menée en avril 2003, France Libertés décrit les conditions de vie des prisonniers et parle de meurtres, d'exécutions sommaires, de tortures, de mutilations physiques et d'humiliations, auxquelles seraient exposés les détenus marocains. La fondation dirigée par Danielle Mitterrand, l'épouse de l'ancien chef d'Etat français, François Mitterrand, déplore l'absence de “droits les plus élémentaires des prisonniers marocains”. France Libertés appelle l'Algérie et le Polisario à “libérer immédiatement tous les prisonniers marocains civils et militaires”, en indiquant plus loin que la “mission a constaté que "tous" les prisonniers étaient très malades et que leur état de santé exigeait un transfert médical”. Le rapport de la fondation note par ailleurs que les libérations partielles des prisonniers de guerre marocains, décidées par le Polisario, ont un impact négatif sur le moral des détenus. Le document de France Libertés a fait sortir le mouvement indépendantiste sahraoui de son silence. Dans sa réponse au rapport de la fondation, établie en août dernier et rendue publique récemment, le Front Polisario a réfuté les accusations de France Libertés en analysant le travail de la mission d'enquête dans ses moindres détails. Il relève ainsi des contradictions et des exagérations, en soutenant notamment que des prisonniers marocains, enregistrés pourtant par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), sont déclarés morts dans le rapport de la fondation alors aqu'ils sont toujours vivants. Le Front Polisario qualifie le document de France Libertés de “partial, déséquilibré et malhonnête”, en déplorant les omissions sur les conditions de vie des réfugiés et des combattants sahraouis, et en regrettant que la fondation manque de vigilance et de rigueur. “France Libertés a le droit de faire sa propre lecture de la question des prisonniers marocains, de demander leur libération, de s'inscrire contre leur libération partielle ou de contester les clauses relatives à l'échange des prisonniers de guerre, contenus dans le plan de règlement ONU/OUA, les accords de Houston et, plus récemment, dans le dernier plan Baker. En revanche, donner du crédit exclusif aux allégations ayant comme seule source les prisonniers de guerre marocains, soldats capturés au cours des combats, les armes à la main, est, somme toute, une approche partiale et une méthode plus que discutable”, écrit-il. Puis de remarquer plus loin : “Le rapport, au lieu de chercher à contribuer à la création d'une atmosphère de détente pouvant aider à la solution du conflit, vise plutôt, en voulant impliquer injustement l'Algérie, à raviver les tensions et contrarier les efforts de paix de la communauté internationale.” H. A.