Ils ont décidé de ne pas affronter la tutelle en rangs dispersés, mais de s'unir et de lancer des actions de protestation communes, en vue de remonter à l'ancienne catégorie 16. Une grande mobilisation se prépare pour cette semaine. Le mouvement de contestation lancé par les étudiants des grandes écoles fait tache d'huile. Pratiquement toutes les écoles de la capitale, voire du territoire national, Boumerdès, Oran, Annaba et Tlemcen ont rejoint l'action de protestation entamée, il y a quelques jours. Les protestataires comptent s'organiser et s'unir pour mieux défendre leurs droits en optant pour des actions nationales communes. L'union fait la force, et tant que la doléance est partagée par toutes les écoles, il serait plus judicieux de faire face à la tutelle “tous ensemble et non en rangs dispersés”. Pour ce faire, des comités d'étudiants ont vu le jour à travers tous ces établissements touchés par les modifications introduites dans le décret présidentiel du 13 décembre 2010, classant les diplômés ayant suivi un cursus supérieur à 5 années dans la catégorie 13 au lieu de la 16 et ceux qui ont un master, soit l'équivalent en années d'études (3 ans licence et 2 ans master), dans la catégorie 14. Alors que seuls les bacheliers qui ont décroché le bac avec au minimum un 15 de moyenne peuvent rejoindre les grandes écoles et les écoles préparatoires, contrairement à ceux qui, faute de bonnes moyennes, sont orientés vers le système LMD. Les étudiants, qui estiment avoir droit à un meilleur statut, réclament la révision pure et simple du décret présidentiel. Le recours à la grève a été évidemment leur unique option. Hier, des actions de protestation tous azimuts ont été lancées. Outre le débrayage à travers toutes ces écoles, un nombre important d'étudiants représentant les “sites” en grève se sont rassemblés une fois de plus devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. D'autres, notamment les principaux délégués de plusieurs écoles : Polytechnique, Epau, Travaux publics, Ecole vétérinaire, Informatique, Planification et statistiques, se sont donné rendez-vous à l'Institut national d'informatique pour une réunion d'évaluation des actions engagées et des futures formules de contestation. “Car, nous dit l'un des délégués, nous ne comptons pas baisser les bras et reprendre les études avant que notre statut ne soit reconnu et revalorisé. Nous avons sacrifié notre jeunesse pour nos études et pour garantir un bel avenir. Si nous voulions avoir le statut des étudiants des autres facultés et ceux du LMD, nous n'aurions pas tout fait pour arracher notre bac avec mention bien, voire plus.” Lors de la rencontre d'hier, les étudiants des six écoles ont adopté une plateforme de revendications communes. La principale a trait à la revalorisation du statut d'ingénieur d'état des grandes écoles qui était classé à la catégorie 16. Car, justifient les délégués, “notre diplôme est supérieur à celui des master 2 (classés à la catégorie 14) dont la plupart n'ont décroché le bac qu'avec un 10 de moyenne. Nous avons été présélectionnés pour accéder à ces écoles”. Il faudrait, par conséquent, que les ingénieurs soient mieux considérés sur la grille indiciaire de la Fonction publique. Les étudiants réclament aussi que le classement des détenteurs de magistère ancien système soit supérieur à celui des détenteurs de master (système LMD). Les deux sont classés à la catégorie 14. La plateforme commune des six écoles évoque le maintien du statut d'ingénieur d'état des grandes écoles jusqu'à la dernière promotion de l'ancien système, voire le dernier groupe d'étudiant au cas où certains seraient appelés, le cas échéant, à refaire l'année. Ils réclament, enfin, leur droit aux études doctorales dont ils sont aujourd'hui privés. “Soit par le maintien du magistère, soit par l'initiation à la recherche pour accéder aux études doctorales.”