Les unes après les autres, les villes algériennes enregistrent des mouvements de contestation sans précédent, animés notamment par des jeunes qui n'en peuvent plus de traîner ce statut de chômeur à vie. Hier, ce sont les jeunes d'Annaba, de Sidi Bel-Abbès, de Hassi-Messaoud et de Tadmaït, dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui se sont illustrés par des manifestations de rue et des rassemblements. À Annaba, le mouvement de protestation continue. La situation est très tendue depuis plus de dix jours. Hier, c'est autour des travailleurs du système dit du Dispositif d'insertion professionnelle (DIP) de manifester devant le siège de la wilaya. Ils protestent contre le non-paiement des salaires depuis plus de trois mois. De jeunes chômeurs les ont rejoints pour réclamer de leur côté des contrats d'embauche aux dispositifs DIP, DAIS… Empêchés de s'approcher du siège de la wilaya par un impressionnant dispositif policier, en place depuis plusieurs jours, les protestataires n'ont pas cessé de scander des slogans contre le pouvoir, tout en répétant : “Nous voulons nos salaires !”, “Nous voulons du travail, pas de l'aumône !” Le wali d'Annaba a reçu des représentants des jeunes manifestants, leur promettant de trouver des solutions à leurs problèmes. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, de nombreux jeunes chômeurs ont fermé hier le siège de la mairie de Tadmaït (17 km à l'ouest du chef-lieu de wilaya), avant de se déplacer vers le pont autoroutier pour bloquer la circulation sur l'axe reliant Alger à Dellys. À travers leur action, les jeunes chômeurs de Tadmaït ont voulu notamment exprimer leur ras-le-bol. Ils voulaient aussi emboîter le pas aux jeunes chômeurs de Naciria et de Bordj Ménaïel, dans la wilaya de Boumerdès, qui ont mené, la semaine dernière, des actions similaires dans leurs localités respectives. Dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès, des dizaines de citoyens, notamment des jeunes sans emploi de la localité de Mezaourou, relevant de la daïra de Telagh, se sont rassemblés avant-hier devant la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS). Las des promesses non tenues par les responsables locaux, ils ont tenu à dénoncer l'octroi de postes de travail au sein de la CCLS à des personnes issues de localités avoisinantes à leur commune aux dépens des chômeurs de Mezaourou. Ils ont protesté également contre la dégradation du cadre de vie et réclamé plus de logements sociaux, la réalisation des structures sportives et de loisirs pour les jeunes. À Hassi-Messaoud, dans la wilaya de Ouargla, plus d'une centaine de jeunes chômeurs ont pris d'assaut hier, tôt le matin, le siège de la daïra, a-t-on appris de source locale. Les jeunes, dont des diplômés, ont exigé que soit respecté leur “droit au travail” et dénoncé le refus systématique de leur candidature par les sociétés pétrolières qui exercent dans cette commune, “la plus riche d'Algérie”. Nos sources affirment que le dispositif sécuritaire déployé n'a pas empêché les jeunes manifestants d'investir les locaux du siège de la daïra.