hier, le procureur général près la cour de Tizi Ouzou, M. Lazizi, est revenu avec des détails sur cette affaire qu'il a qualifiée, de très dangereuse tant elle était à l'origine d'une grande psychose semée durant près d'un an, notamment dans la wilaya de Tizi Ouzou où le gros des actes criminels a été commis par ce groupe de “faux terroristes” démantelé par les services de la gendarmerie de Fréha et dont 8 des membres ont été placés sous mandat de dépôt le 11 février dernier par le parquet d'Azazga. Tout était parti d'un banal accident de la circulation à Timizart Sidi Mansour, dans la région de Ouaguenoun, explique le procureur général. Lorsque les gendarmes reçurent un appel téléphonique émanant d'un citoyen de la région qui informait les hommes en vert qu'un véhicule de marque Golf venait de percuter un poteau électrique mais que ses trois occupants l'ont abandonné préférant s'enfuir avec un sac noir, le gendarme en ligne était loin d'imaginer que ce renseignement anodin n'allait être que le début d'une importante affaire sécuritaire. En effet, arrivant sur les lieux, les gendarmes découvrent un véhicule qui nécessite identification. Ce que firent immédiatement les gendarmes qui découvrirent que le propriétaire n'était qu'un jeune qui venait d'être arrêté par d'autres gendarmes à Chellata avec en sa possession une arme de type PA et une grosse somme d'argent dissimulée dans son véhicule, une 406, à bord de laquelle il voulait rallier la ville d'Akbou, dans la wilaya de Béjaïa. Les premières investigations menées par la gendarmerie mèneront très rapidement vers sept autres personnes suspectes qui ne tarderont pas d'ailleurs à être arrêtées par la gendarmerie de Fréha. Les sept personnes arrêtées à Tizi Ouzou répondent aux initiales de T. Y. 23 ans, A. H. 27 ans, A. A. 26 ans, A. S. 23 ans, H. S. 37 ans, S. H. 23 ans, et B. M. âgé de 48 ans. Cinq de ces personnes arrêtées habitent Fréha alors que la sixième habite Aghribs et la septième à Mekla. Trois autres suspects à savoir S. H. âgé de 22 ans, et A. R. âgé de 45 ans, tous les deux originaires de Fréha, ainsi que S. A. âgé de 34 ans, originaire de Bouhinoun, sont en fuite et donc activement recherchés par la gendarmerie pour leur implication dans les nombreuses affaires perpétrées par ce groupe poursuivi dans une quinzaine d'affaires dont la plus médiatisée est celle de la tentative de kidnapping qui a tourné au drame de l'entrepreneur Slimane Hend dont le cousin Omar a été enlevé puis libéré. Mais en dressant, à Aghribs, ce faux barrage au cours duquel cet entrepreneur fut blessé avant de succomber cinq jours plus tard sur son lit d'hôpital, ce groupe composé en tout de 11 individus auxquels s'ajoutent les deux autres personnes qui les approvisionnaient en armes à partir de Tamanrasset, n'était pas à son premier acte. La série noire commence En effet, leur première affaire remonte au 3 mars 2010 lorsque A. H., propriétaire d'un camion transportant des boissons alcoolisées,, a été délesté de 400 millions sous la menace d'un pistolet en plastique dans un faux barrage à Ighouladh, sur la route d'Adekar. trente millions de ce “butin” a servi à l'achat, à Tamanrasset, d'une kalachnikov qui a été utilisée le 15 mai de la même année, à Akerdouche, non loin d'Adekar toujours, contre le même transporteur encore délesté de 289 millions. La “réussite” de ces deux affaires n'ont fait, ainsi, que nourrir l'ambition criminelle du groupe qui décida de passer à la vitesse supérieure en organisant, le 4 juillet 2010, l'enlèvement, à Fréha, de I. Lounès qui n'a été libéré qu'après le versement par sa famille d'une rançon de 700 millions aux ravisseurs qui ont procédé, après l'encaissement de cette somme, à l'achat d'une autre kalachnikov. Le 14 novembre, les membres du groupe récidivent en dressant un faux barrage à Bouhlalou, entre Aghribs et Azazga, où Slimana Hend fut blessé par balle avant de succomber 5 jours plus tard alors que son cousin Omar a été enlevé puis libéré sous la pression populaire. Le 29 du même mois, le même groupe attaque un bar et extorque 95 millions au propriétaire avant de s'enfuir avec une 206 appartenant à un client. Le lendemain, le même groupe vole un véhicule Hyundai à Ighil Bouzal à Azazga. Le 9 décembre encore un véhicule Toyota et 12 millions dans un bar à Imzizou, puis dresse un faux barrage le lendemain dans la même localité, puis encore un autre bar le lendemain à Azazga avant de voler une Mercedès à Timizart Loghbar et attaquer un autre bar à Tala Athmane où un serveur fut blessé par balle le 15 du même mois. La série noire ne s'arrête pas là puisque le 31 décembre, un commerçant a été délesté de 10 millions à Tifra, dans la wilaya de Béjaïa, avant de revenir à Boudjima où trois bars ont été successivement attaqués et à Ouaguenoun où une Clio a été subtilisée. Un véhicule 406 a été encore volé quelques jours plus tard à Hammam Sidi Yahia avant qu'un commerçant spécialisé dans la chaussure et le change de devise ne soit attaqué le 17 janvier 2011 à Béjaïa. C'était la dernière affaire avant le démantèlement de ce groupe dont les membres agissaient toujours de nuit, en usant d'armes à feu, visages cagoulés, fausses tenues militaires et afghanes et toujours avec un véhicule de marque Picanto de location. Un véritable butin de guerre Lors du point de presse qu'il a animé hier, le procureur général a expliqué qu'après le démantèlement de ce groupe, il a été procédé à la saisie de 2 kalachnikovs, 4 chargeurs, un pistolet automatique, un enregistrement qui contenait une discussion concernant la négociation de rançon par un membre de ce groupe qui se présentait comme un chef d'Al-Qaïda, une Golf, une 406, deux vaches de race, sept portables, la mise sous scellés d'une coopérative immobilière qui a servi au blanchiment d'argent et le gel d'un compte dans lequel ont été versés 700 millions appartenant à un des membres du groupe. Alors que l'enquête préliminaire concernant cette affaire a été bouclée par la gendarmerie, c'est désormais l'instruction judiciaire qui est ouverte pour situer les responsabilités des membres de ce groupe dans cette longue série d'affaires qui ne semble pas encore avoir révélé tous ses secrets.