Un arrêt de travail a été observé, hier, au niveau de plusieurs cours et tribunaux à travers le pays par les fonctionnaires de la justice. Selon nos informations, le mouvement a concerné les greffiers avant de toucher d'autres corps. Au niveau du tribunal de Sidi M'Hamed à Alger, les greffiers ont débrayé dans l'après-midi d'hier et ont tenu un rassemblement pour dénoncer des conditions socioprofessionnelles qu'ils ont qualifiées «d'humiliantes». Les greffiers et les greffières, au nombre de plusieurs dizaines, qui se sont rassemblés devant le tribunal de Sidi M'Hamed ont décidé de passer à l'action après avoir, disent-ils, frappé à toutes les portes et ce depuis des années. Selon certains protestataires, les greffiers vivent une situation sociale et professionnelle dramatique. Outre les conditions de travail pénibles, une greffière nous a affirmé, hier, que son salaire ne dépasse pas les 21.000 DA alors qu'elle comptabilise plus de 23 années d'expérience. Elles sont des centaines dans le même cas, nous fait-on savoir, malgré qu'elles disposent des mêmes diplômes que les magistrats. L'une d'entre elles nous a déclaré que «les greffiers ont un pied dans l'administration et un autre en prison». Selon notre interlocutrice, la moindre faute de frappe est sévèrement sanctionnée par l'administration alors que le greffier n'est qu'un intervenant dans la rédaction des PV de justice. Le statut des greffiers n'a pas bougé depuis 1971, lancera un contestataire. Ce dernier, qui a passé plus d'une trentaine d'années au tribunal, nous dira que les revendications des greffiers ont été transmises à la tutelle depuis une quinzaine d'années mais aucun changement n'est intervenu. «Nos revendications dorment au fond des tiroirs», s'est indignée une greffière qui affirme que la charge de travail qu'elle assume quotidiennement est énorme alors qu'elle n'a le droit à aucune indemnité contrairement aux magistrats qui bénéficient, dit-elle, d'une revalorisation de 20.000 DA pour la saisie sur micro des PV et autres documents judiciaires. «Les prisonniers sont mieux lotis que nous», dénonce une autre qui soutient que les greffiers sont les premiers à arriver au tribunal et les derniers à en repartir. Les contestataires rencontrés hier ont exigé un statut définissant clairement leur fonction. A noter que le tribunal de Sidi M'Hamed a été quelque peu perturbé par cet arrêt de travail des greffiers qui comptent revenir à la charge autant de fois qu'il le faut. A Constantine, les fonctionnaires des six tribunaux dépendant de la cour ont déclenché, hier aux environs de 13 heures, un mouvement de protestation qui s'est traduit par un arrêt de travail pour, selon leurs dires, faire aboutir leurs nombreuses revendications, entre autres la révision des salaires et les conditions de travail. C'est un arrêt de travail spontané et décidé à la suite des nouvelles qui leur sont parvenues des autres wilayas de l'Est, notamment de Tébessa, où leurs collègues (greffiers et autres fonctionnaires) se seraient mis eux aussi en grève depuis la matinée, pour les mêmes motifs. Ainsi, à la reprise du service vers 13h15, les employés n'avaient toujours pas rejoint leurs postes de travail mettant ainsi leurs responsables ainsi que les justiciables devant le fait accompli. A 13h30, le procureur général près la cour de Constantine a pris attache avec les grévistes et a tenté de les convaincre d'assurer un service minimum, en leur faisant remarquer, entre autres, que ce n'est pas de cette manière qu'ils pourront obtenir gain de cause. «Il fallait d'abord, a-t-il souligné, déposer un préavis de grève avec les revendications éventuelles, et recourir, le cas échéant, à cette dernière extrémité». Le procureur général leur a demandé de désigner quatre ou cinq délégués pour le rejoindre dans son bureau et discuter du problème. Les grévistes se sont alors réunis à huis clos dans une salle d'audience de la cour pour discuter de cette éventualité. A 15 heures, les grévistes étaient toujours en réunion.