halim Benatallah est arrivé hier à Londres pour une visite de trois jours. Le séjour du ministre d'état en charge de la Communauté algérienne à l'étranger, en Grande-Bretagne, succède à une série d'escales effectuées dans d'autres capitales européennes. Son dernier voyage l'a mené à Rome au début du mois en cours. Le programme de la visite de M. Benatallah à Londres comprend essentiellement des rencontres avec nos compatriotes établis au Royaume-Uni. Il s'entretiendra notamment avec les représentants de l'Association des compétences algériennes (ACA). Cette organisation pilotée par le Dr Mohamed Doudjellal compte de nombreux adhérents parmi la diaspora intellectuelle établie en Europe. Une cérémonie est, par ailleurs, prévue cet après-midi au Royal Garden Hôtel, à laquelle est convié un certain nombre de nos ressortissants. Demain, le ministre fera une incursion à Finsbury Park, dans l'arrondissement d'Islington, au nord de Londres. Dénommé The Little Algiers, ce quartier est le point de chute de beaucoup d'Algériens. Il abrite des commerces mais surtout une foule de jeunes sans papiers. Il y a trois ans, cette enclave déshéritée a fait l'objet d'une descente musclée de Scotland Yard. Le raid, conduit par 500 policiers, avait conduit à l'arrestation de plusieurs compatriotes en situation irrégulière ou impliqués dans des réseaux de petite délinquance. Dans les années 1990, Finsbury Park était surtout connu pour être le cœur du Londonistan. Des islamistes algériens affiliés à des organisations extrémistes du Moyen-Orient utilisaient la mosquée locale comme QG. Aujourd'hui, les barbus ont disparu. À la place, des harragas arrivent en masse dans le quartier. Ni les autorités britanniques ni les services diplomatiques algériens ne détiennent une estimation même approximative, du nombre d'Algériens en situation irrégulière en Grande-Bretagne. Officiellement, notre communauté dans le pays avoisine les 30 000 individus, résidant principalement dans la capitale. Contrairement à d'autres Algériens en Europe, son établissement dans le pays est relativement récent. Il date de la décennie noire qui avait conduit de nombreux nationaux à trouver refuge sur les bords de la Tamise. Depuis, une seconde génération d'immigrés a vu le jour. Plusieurs tentatives visant à encadrer la communauté algérienne au sein d'un réseau associatif ont émergé mais la plupart ont échoué, faute de mobilisation suffisante. Les difficultés linguistiques constituent souvent un frein à l'intégration des Algériens dans l'environnement social britannique. En même temps, de nombreux compatriotes se sentent complètement coupés de leur pays d'origine. Aussi, ils sont nombreux à réclamer la création de réseaux communautaires. L'idée consiste notamment en la création d'une maison de l'Algérie. Ce projet, qui peine à se concrétiser, compte parmi les missions confiées à Amar Abba, nouvel ambassadeur d'Algérie à Londres. Les Algériens de Grande-Bretagne ne manqueront pas certainement d'interpeller le ministre Bentallah sur cette question. S'il doit rencontrer de nombreux Algériens, ce dernier n'aura quasiment pas d'entrevues avec les représentants de l'état britannique. Il s'entretiendra uniquement au téléphone avec Alistair Burt, ministre d'état au Foreign Office, en charge de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, indisponible en raison d'un voyage à l'étranger.