Résumé : Nacéra demande à Fettouma de lui louer une chambre ou deux, et lui promet de revenir dans la semaine pour discuter des formalités de cette location. Fettouma ne voulut rien savoir. Nacéra sera chez elle sous son toit et n'aura rien à payer. 83eme partie Elles rirent toutes les deux : - - Terminé tout ça, nous sommes libres et indépendants. Mais je t'assure Fettouma que je parle sérieusement, je dois tout de même te payer au moins une année de location avant d'emménager. - Tu ne payeras pas un seul rond, tant que je suis la propriétaire légitime de cette maison. Je vais te donner deux très belles chambres du rez-de chaussée. N'est-ce pas que cela te conviendra le mieux, afin de t'éviter la corvée des escaliers ? Nacéra regarde sa canne : - Je vois que tu as déjà pensé à tout, cela m'arrangerait bien sûr, et puis on sera l'une à côté de l'autre. - Pour cela, ne t'en fais donc pas, je n'ai personne avec qui jacasser tout au long de mes journées. Tu en auras quotidiennement ta dose. - À la bonne heure. Cela me permettra de ne pas m'ennuyer. Mais et ces filles que tu héberges ? - Quoi donc ? Cela te dérange ? - Mais non, je voulais plutôt dire que tu as amplement de la compagnie. Fettouma sourit : - Celles-là, je suis plutôt leur garde-chiourme. - Je comprends bien maintenant pourquoi ta maison a cette bonne réputation. - J'y compte bien, et gare à toi si tu te maquilles trop ou tu portes le mini. Elles rirent : - Avec mon handicap, cela ne risque vraiment pas d'arriver. Je suis assez belle ainsi avec ma cicatrice sur la joue. Fettouma passe une main caressante sur cette blessure encore vive dans le corps et l'esprit de la jeune femme. - Cette blessure est un honneur pour toi. C'est un beau trophée de la guerre que tu rapportes. Tu es le symbole d'une époque que l'histoire gardera à jamais dans ses entrailles. - Je ne suis pas la seule, Fettouma. Des milliers d'hommes et de femmes portent les séquelles de cette guerre. Il y en a même qui ont perdu la raison. Nous avons payé un lourd tribut pour l'indépendance. - Oui, c'est aussi un grand prestige pour la nation et le peuple. - Nous en sommes tous bien fiers. Nacéra s'en va et Fettouma demeure un moment seule au milieu de la grande cour. Elle s'appuya à la margelle du puits, et se mit à repenser à Mahmoud. Pourra-t-on réellement retrouver ses restes et l'enterrer dignement au milieu des autres martyrs ? Elle sentit sa poitrine se gonfler d'orgueil et de fierté : Mahmoud sera enterré avec tous les héros de la Révolution ! Un honneur pour la famille, et un bel exemple pour sa descendance. Deux semaines passent. Nacéra était revenue à maintes reprises pour enfin emménager définitivement chez Fettouma. Cette dernière lui avait donné les deux plus grandes pièces du rez-de-chaussée et lui avait même proposé de faire la cuisine avec elle dans la grande salle qu'elle occupait depuis le départ de ses enfants. - Nous ferons la cuisine à tour de rôle Nacéra, si tu n'y vois pas d'inconvénient. - Pas du tout ma chère amie. Seulement je te préviens que nous ferons aussi nos courses à tour de rôle. (À suivre) Y. H.