Les étudiants de la majorité des établissements universitaires de notre pays étaient en grève, jeudi 17 février 2011, pour dénoncer la politique de démantèlement de l'université algérienne par les pouvoirs publics au profit d'une politique néolibérale sauvage de l'enseignement supérieur. Nos étudiants demandent l'abrogation du décret présidentiel 10-315 du 13 décembre 2010 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Le décret 10-315 du 13 décembre 2010 a dévalorisé les diplômes d'ingénieur d'Etat et de magistère, ces deux diplômes qui ont permis de jeter les bases de l'édification de l'université et de l'économie nationale de notre pays dans les années 1970 et 1980. Ce décret 10-315 est à l'université algérienne ce qu'était le plan d'ajustement structurel du FMI des années 1990 à l'économie algérienne. Nous rappelons que le plan d'ajustement structurel des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) a entraîné le démantèlement et la déstructuration de l'économie nationale. Aujourd'hui, la société algérienne paye le prix fort de cette politique néolibérale sauvage. Le décret 10-315 est venu démanteler ce qui restait des acquis obtenus par les luttes du mouvement syndical autonome des étudiants et des enseignants algériens depuis 1963 dans l'enseignement supérieur, c'est-à-dire une université algérienne publique, performante, démocratique, au service du bien-être de la société algérienne. Nous, enseignants-chercheurs de l'université algérienne : - saluons le mouvement autonome des étudiants algériens qui luttent aujourd'hui contre la dévalorisation du diplôme d'ingénieur d'Etat et du magistère ; - nous nous déclarons solidaires du mouvement des étudiants qui se battent pour une université algérienne publique et performante au service du bien-être de la société algérienne ; - nous demandons l'abrogation du décret 10-315 du 13 décembre 2010 ; - nous demandons le maintien du diplôme d'ingénieur d'Etat dans l'université algérienne, car le diplôme d'ingénieur d'Etat est nécessaire à l'édification d'une économie nationale souveraine, productive et génératrice de richesses et de bien-être pour notre pays ; - nous défendons la valeur du diplôme de magistère, qui doit garder son statut défini par le statut de la Fonction publique du 15 juillet 2006 ; - nous sommes mobilisés pour la défense d'une université algérienne publique, ouverte à tous les enfants du pays, performante et pour la défense des diplômes d'ingénieur d'Etat et de magistère. Alger, le 17 février 2011 Liste des premiers signataires ll Farid Cherbal, maître de conférences (USTHB, Alger), Daho Djerbal, maître de conférences (Alger-Bouzaréah), Rachid Sidi Boumediene, directeur de recherche (Cread), Réda Djebbar, maître assistant A (USTHB, Alger), Naïma Ould Hamouda, maître assistant B (USTHB, Alger), Amar Moulfi, maître assistant (USTHB, Alger), Zineb Azouz, UMC (Constantine), Mohand Ouali Aït Yahia, MACC (université de Tizi Ouzou), Ratiba Hadj-Moussa, professeur de sociologie (York University, Toronto, Canada), Ahcène Amarouche, maître de conférences (l'ENSSEA, Ben Aknoun, Alger), Hadj Miliani, professeur de littérature (université de Mostaganem), Abdelaziz Boudjadja, maître de conférences, (USDB, Blida), Ali Harfouche, enseignant-chercheur (USTHB, Alger), Djamel Baâli-Chérif, enseignant-chercheur (ENSA, ex-INA, El-Harrach), Abdelkader Khelladi, professeur de mathématiques (USTHB, Alger), Naoual Al-Azemmouri, enseignante FLE (Aix-en-Provence).