Quel est l'avenir de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) et comment envisage-t-elle de continuer le combat pour le changement après la fracture qu'elle a enregistrée avant-hier ? La Coordination ira, rappelons-le, à des manifestations chaque samedi, alors que des syndicats et certaines associations ont décidé de ne pas y prendre part. Selon le président du Snapap, les syndicats en rupture de ban avec la CNCD continueront à travailler avec les forces sociales. Ces organisations syndicales disent assumer cette “fracture” et estiment qu'il est “nécessaire de doter la Coordination d'une charte où s'identifient les citoyens afin d'éviter toute tentative de manipulation et de récupération du mouvement”. Même avis pour Me Aïssa Rahmoune, de la Laddh, qui propose de mettre “d'un côté, les partis politiques pour qu'ils fassent leur travail de formation et formuler des propositions de transition démocratique et de constituer, d'un autre côté, une autre coordination qui sera celle de la société civile”. Les syndicats, notamment le Snapap, estiment que les formations politiques doivent “soutenir le mouvement et non pas le diriger”. Le CNLP (Comité national pour la liberté de la presse) n'est pas de cet avis. “Les objectifs de la CNCD ont été tracés dès la première réunion de la coordination, je ne comprends pas pourquoi ils reviennent sur cela maintenant”, a déclaré Rabah Abdallah, représentant de ce comité, qui s'interroge également sur cet entêtement à vouloir exclure certains membres de la CNCD, notamment les représentants des partis politiques. Le RCD, membre de la CNCD, estime que la fracture de mardi dernier est “une décantation positive pour l'avenir de la coordination”. Le député et porte-parole de ce parti, Mohcine Bellabès, déclare que ceux qui ont quitté la CNCD “se sont marginalisés d'eux-mêmes” et sont aujourd'hui “en butte aux critiques et dénonciations des adhérents de leurs propres organisations”. Il précise que, pour la CNCD, l'objectif est clair et ne saurait subir de retouches : “le départ du système et l'instauration de la démocratie.” M. Bellabès assure, en outre, que “l'écrasante majorité des organisations de la société civile restent membres de la CNCD, aux côtés des partis politiques auxquels elles reconnaissent un rôle important au sein de la coordination”. Dans un communiqué rendu public hier et portant 26 signataires de représentants d'organisations, d'associations, de comités et autres collectifs dont me Ali-Yahia Abdenour (président d'honneur de la Laddh), la CNCD dénonce ce qui s'est passé mardi dernier lors de la réunion bilan. “Les organisations (26), sont solidaires du compte-rendu fait par Me Ali Yahia Abdenour à l'issue de la réunion de la CNCD du 22 février et qui condamne et déplore le report, sans concertation, des réunions d'évaluation qui se faisaient chaque dimanche, le refus du principe de vote à la majorité dans la CNCD, l'obstruction des débats en vue de remettre en cause le principe de marche hebdomadaire.” Ne s'arrêtant pas à ces griefs, la CNCD dénonce aussi “les attaques lancées contre un membre de la coordination dans les médias dans le but d'attenter à sa cohésion (…)” La CNCD n'a pas manqué de lier cette “opération de division et de réorientation stratégique” à la publication récente d'“un texte produit par un notable du FLN (Abdelhamid Mehri, ndlr) appuyé par un opposant en exil (Hocine Aït Ahmed, ndlr)”.