Trois mois que dure la crise poste-électorale ivoirienne, la médiation africaine peine à trouver le compromis pouvant satisfaire Gbagbo et Ouattara, tous deux proclamés présidents. Le premier, réélu président selon le verdict du Conseil constitutionnel à l'issue de l'élection du 28 novembre 2010, refuse de céder le pouvoir au second déclaré, lui, vainqueur du scrutin par la Commission électorale indépendante (CEI) et les Nations unies. L'Union africaine (UA) s'est saisie du dossier depuis le 28 janvier 2011, pour tenter de trouver une issue au problème. Rejetant l'usage de la force, irréaliste en tout point de vue, qui avait été envisagée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour déloger Gbagbo, l'UA a préconisé la voie du dialogue pour parvenir à une solution pacifique. Mais la médiation africaine bat de l'aile, si elle ne laisse pas installer le doute et l'incertitude dans les esprits. Chez les acteurs en charge de la crise, on enregistre de plus en plus des positions discordantes, de la cacophonie, alors que la crise a dégénéré en combats de rue à Abidjan entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara. Alors que le panel de chefs d'Etat mandatés par l'UA était en mission, lundi et mardi derniers, dans la capitale ivoirienne où il a rencontré les deux camps pour leur faire part de propositions de sortie de crise, la CEDEAO a élevé une vive protestation contre cette médiation, par l'entremise du président de sa commission, James Victor Gbého, lequel n'a parlé qu'avec le rival de Gbagbo, Ouattara, alors que le panel de l'UA, dont il fait partie, venait de quitter la capitale économique ivoirienne ! Le haut responsable de l'organisation sous-régionale s'est opposé à la visite en Côte-d'Ivoire du panel des chefs d'Etat africains au motif que le président burkinabé Blaise Compaoré avait décliné le voyage et dont la présence dans la médiation africaine n'est plus appréciée par la majeure partie des membres de la CEDEAO. Son absence aux yeux de la CEDEAO est en soi un acte de sabotage de la médiation de l'UA. Le président Burkinabé s'était rétracté face à l'opposition des populations ivoiriennes, hostiles à sa présence en Côte-d'Ivoire en raison de ses antécédents dans la crise ivoirienne et de ses récentes déclarations favorables à une solution militaire dans le pays. Malgré le croc-en-jambe de Victor Gbého, le panel de chefs d'Etat ne désespère pas et entend aller jusqu'au bout de sa mission pour arriver à une issue pacifique à la crise ivoirienne. Les présidents Idriss Deby Itno (Tchad), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et certainement le Burkinabé Blaise Compaoré se retrouveront le 28 février prochain pour arrêter des 'solutions contraignantes pour Gbagbo et Ouattara. En attendant, force est de constater que la médiation des Africains sombre dans le désordre.