Des mercenaires étrangers n'ont pas de scrupule à tuer des civils. Contrairement à l'armée régulière libyenne, dont les membres du côté des manifestants augmentent au jour le jour. Mouammar Kadhafi ne contrôle plus grand-chose, il est complètement déconnecté de la réalité. Son système s'effondre et son départ, qui n'est plus qu'une question d'heures, se déroule dans un bain de sang. En effet, la dernière hypothèque est dans l'appui de sa garde prétorienne et de ses mercenaires dont on ne connaît pas l'importance. Cependant, il y a une défection croissante de ses proches qui anticipent sa chute. Et son rêve fou d'un régime dynastique, par l'intermédiaire de ses fils, s'est enfumé. S'il devait choisir la fuite, il lui serait difficile de trouver une terre d'asile, même chez des dictateurs de son engeance. Il peut aussi tenir un certain temps dans un bunker et terminer comme “un martyr”, selon ses derniers vœux. L'homme que le monde a découvert imprévisible jusqu'au bout ne tient que grâce au mercenariat. Jurant de se battre jusqu'à la dernière goutte de son sang, le tyran a recruté des mercenaires étrangers pour assassiner son peuple. Pratiquement, du jour au lendemain, lorsque la révolte des Libyens a pris, des mercenaires sont apparus dans les rues de Tripoli, la capitale, sur des pick-up, tirant sur les manifestants non armés. Kadhafi, un comploteur de première, a toujours eu des relations avec le monde de la barbouzerie, sait-on jamais ! Et puis, avec l'argent, on peut tout se payer aujourd'hui. Des aveux de mercenaires aux mains de manifestants ont levé le voile sur l'intrusion de cette donne dans la révolution libyenne. Des baltaguia étrangers. Entre 1 000 et 2 000 dollars à chaque mercenaire pour mener cette opération, avec une avance rondelette à l'engagement. Le dictateur libyen, à sa décharge, n'a pas innové en la matière. Des sociétés militaires privées sont sur des annuaires publics, comme l'américaine Blackwater Worldwide, embauchant d'anciens militaires et mercenaires pour des opérations dites de sécurité ou des interventions militaires privées. Pendant la guerre d'Irak, des agents de haut niveau de Blackwater pouvaient prétendre à une solde de plus de 200 000 dollars par an. Les mercenaires qui tirent sur les civils libyens sont d'anciens rebelles du Darfour, du Tchad ou du Niger, des régions où Kadhafi a soutenu les insurrections au fil des années. Pour les spécialistes, le caractère organisé de leur arrivée ne fait pas de doute que Kadhafi s'y était préparé de longue date. Sinon comment expliquer la célérité avec laquelle ces hommes de main ont été recrutés et transportés jusqu'à Tripoli. À ce propos, des officiers de l'armée régulière libyenne ont laissé entendre que Kadhafi avait commencé voilà un bon moment par truffer celle-ci d'étrangers. Il n'avait plus confiance en son armée. En général, ces mercenaires ont la vingtaine, aucun bagage secondaire et peu ou pas d'entraînement militaire. Ils sont équipés de fusils de type kalachnikov. On le sait, le dictateur libyen a des contacts jusque dans les pays les plus éloignés du continent africain, et selon des rumeurs à Tripoli, d'autres mercenaires seraient même venus d'aussi loin que l'Asie et l'Europe de l'Est, mettant facilement à profit leur savoir-faire acquis à l'époque soviétique. Les pilotes d'avion et d'hélicoptère qui ont bombardé des populations à Benghazi et dans d'autres villes libérées seraient d'anciens de la guerre en ex-Yougoslavie. C'est ce qu'ont révélé des pilotes libyens qui ont rejoint les manifestants.