Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que le Président avait deux objectifs en arrivant à El-Mouradia en 1999 : ramener la paix et la réconciliation nationale et remettre l'Algérie sur le chemin de la croissance. Alors que le crépuscule est tombé sur trois autocrates qui ont cumulé presque un siècle de pouvoir en Egypte, en Libye et en Tunisie, notre ministre des Affaires étrangères s'est amusé d'un scénario de présidence à vie pour Bouteflika. Il l'a qualifié de “blague” sur la chaîne Public Sénat. Alors que le journaliste Jean-Pierre El-Kabach lui demandait si le chef de l'Etat s'acheminait vers une présidence à vie, Mourad Medelci a répondu : “ça c'est plutôt une blague pour moi en tant qu'Algérien.” Le ministre a rappelé que M. Bouteflika avait deux objectifs en arrivant à El-Mouradia en 1999 : ramener la paix et la réconciliation nationale et remettre l'Algérie sur le chemin de la croissance. “Ces objectifs sont atteints et le Président, quelle que soit la date à laquelle sera terminé son mandat, aura fait son parcours. Il nous appartient maintenant d'aller vers la relève, tous, les uns et les autres”, a dit M. Medelci, qui a exclu de nouveau le remake en Algérie de ce qui s'est passé en Egypte et en Tunisie, l'Algérie ayant connu cette situation avec les émeutes d'Octobre. “En 1988, il y a eu un mouvement qui ressemble beaucoup à ce que nous avons observé en Tunisie et en Egypte. Le mouvement est né d'une situation politique tendue et économique encore plus tendue”. Il a débouché, selon lui, sur un résultat inattendu : la montée de l'islamisme. Et un autre espéré : un champ politique et économique plus ouvert. Il y a aujourd'hui, a-t-il précisé, 27 partis politiques dont 21 sont représentés au Parlement. Parmi eux “cinq à six sont de vrais partis”, a-t-il dit en réponse à une question sur les partis “fantoches”. Après avoir dressé un tableau idyllique, M. Medelci a fini par admettre que tout ne va pas bien en Algérie. Et là, il brise un tabou qu'aucun responsable officiel n'a fait avant lui. L'Algérie a bien vécu une “guerre civile” durant les années 1990. “Ce qui ne va pas bien, c'est d'abord le fait que nous ayons (pour prendre une comparaison peut-être un peu osée) une situation qui vient après une guerre civile. Cette guerre civile nous l'avons conduite dans les conditions que vous connaissez par nos propres moyens. Elle a laissé des traces extrêmement importantes. Au moment où nous étions en guerre civile, la principale préoccupation, c'était de retrouver la sécurité. Une fois que nous avons retrouvé la sécurité, il a fallu que nous nous reconnaissions les uns dans le regard des autres. Il a fallu la réconciliation. Lorsque nous avons eu l'un et l'autre, nous avons découvert tous les autres problèmes”, a résumé le ministre. Quand on lui demanda si Bouteflika peut changer la manière de gouverner, M. Medelci a répondu ne pas croire “qu'un système soit viable s'il n'intègre pas le changement en son sein”. “Ce changement est inévitable intra-muros et encore plus lorsqu'on observe ce qui se passe à l'extérieur. Il y a des solidarités entre l'intérieur et l'extérieur. Aucun pays ne peut lutter seul contre la corruption et le terrorisme. Ou bien c'est une action fédérée, ou bien il n'y a pas de résultats ou des résultats tout à fait mineurs”, a-t-il dit. Enfin, M. Medelci a adressé un “clin d'œil” au peuple libyen et appelé à une solidarité qui ne doit pas s'exprimer seulement par des déclarations.