Depuis le 24 février dernier, ce sont plus de 2 362 réfugiés, dont 361 Algériens, qui sont entrés par les postes frontaliers de Debdeb, dans la wilaya d'Illizi, soit 300 à 400 personnes par jour. Le directeur de la Protection civile, le colonel Mustapha Lehbiri, a inspecté dans la soirée d'avant-hier, les sites d'hébergement des étrangers réfugiés qui ont fui la Libye au niveau des frontières algéro-libyennes, et s'est enquis du dispositif mis en place pour la prise en charge des réfugiés étrangers et le renforcement des équipes d'intervention au niveau des postes frontaliers de Djanet, Debdeb, Taret et aussi des aéroports d'Illizi, Djanet et In Aménas. Depuis le 24 février dernier, ce sont plus de 2 362 réfugiés qui sont entrés par les postes frontaliers de Debdeb, dans la wilaya d'Illizi, soit 300 à 400 personnes par jour lors des premiers jours des événements qui ont secoué plusieurs régions de la Libye. Selon les statistiques de la Protection civile, parmi ces derniers figurent 705 Libyens, 545 Egyptiens, 361 Algériens et 246 Mauritaniens. Ils sont issus de près de 22 nationalités : Syrie, Maroc, Thaïlande, Ghana, Sud-Afrique, Roumanie, Belarusse, Vietnam, Irak, Philippine, Espagne, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Suisse, Bangladesh, Pakistan, Mauritanie, Mali et la Tunisie. Pour la plupart, ils sont employés dans des sociétés pétrolières. Les douaniers et les agents de police des postes frontaliers (PAF) ont reçu des instructions fermes pour faciliter leur entrée au pays mais aussi pour renforcer le contrôle d'autant que plusieurs étrangers ont fui la Libye sans papiers ni même leurs passeports. “Leur identification se fait en coordination avec les services des consulats de leur pays en Algérie et nous n'avons enregistré aucune anomalie ou tentative de s'introduire au pays, la situation est maîtrisée”, nous précise une source sécuritaire. La compagnie de la GN d'In Aménas a renforcé les patrouilles au niveau de la bande frontalière. Ce qui a permis l'arrestation de plus de 40 clandestins africains hier après-midi. Au niveau du poste frontalier de Debdeb, le DG de la Protection civile s'est enquis avec les responsables sur les mesures prises devant cette situation. Sur place, on a rencontré des Libyens. “Nous sommes des commerçants, nous rentrons en Libye”. Interrogés sur la situation actuelle dans leur pays, ils se contentent de nous répondre : “Dieu ramènera la paix le plus tôt possible.” Difficile pour eux de se prononcer sur une situation qui risque à tout moment de déraper vers l'inconnu. Les trois postes frontaliers de Debdeb, Taret, Timelkom ont été mobilisés pour la circonstance. L'effectif a été renforcé et tous les services de sécurité sont sur leur garde. Le commandement de la Gendarmerie a mobilisé les groupes d'intervention et réserve GIR pour l'escorte et le transport des réfugiés des postes frontaliers vers les sites d'hébergements à Debdeb et à l'aéroport d'In Aménas. Au niveau du lycée Bouabeh A. Rahman à Debdeb, aménagé en site d'hébergement, le colonel Lehbiri a inspecté le dispositif mis en place pour la prise en charge des réfugiés. Les éléments de l'ANP, en coordination avec les différents services, veillaient à la sécurité. Le DG des pompiers qui est le premier haut responsable qui se déplace aux frontières, nous a précisé que cette visite “s'inscrit dans le cadre de l'inspection du dispositif mis en place par ses services au niveau des sites d'hébergement en coordination avec l'armée et les autorités locales”. En effet, sept médecins ont été mobilisés pour la prise en charge médicale des réfugiés qui ont fui l'horreur. Des pompiers formés dans le secours psychologique ont été aussi dépêchés sur les sites. Quand les égyptiens scandaient “one two three viva l'Algérie” Au niveau de ce lycée, se trouvaient près de 200 ressortissants égyptiens et dix Pakistanais Abdessalem Med a reconnu, comme plusieurs réfugiés égyptiens, qu'il avait hésité à rejoindre l'Algérie : “Par peur des représailles, je ne nie pas que j'avais peur que les autorités algériennes m'emprisonnent ou me malmènent mais je n'avais pas le choix et il fallait quitter la Libye le plus tôt possible, mais à ma grande surprise, j'ai été très bien reçu à tous les niveaux et bien pris en charge, ce qui prouve qu'on reste frères dans les moments difficiles”. Mais les Egyptiens ne cachent pas leur colère envers leur pays. “Le consul nous rend visite de temps à autre sans plus, on est livré à nous-mêmes, on demande le départ de l'ambassadeur de l'Egypte en Algérie, on est resté 4 jours au niveau de l'aéroport de Tripoli sans nourriture et sous le froid”. Les réfugiés, pour la plupart des employés dans des sociétés pétrolières en Libye, résidant à Nalout, à 360 km, ont déclaré avoir été conduits jusqu'à la ville de Ghadamès, à 12 km de Debdeb, par leurs employeurs ou par des “clandestins”. “On a payé pratiquement 500 DA pour arriver aux frontières algériennes. On a été pris en charge comme il se doit par les militaires algériens”, ont-ils tenu à témoigner en signe de gratitude. Ils n'ont pas hésité à scander devant des responsables militaires algériens venus s'enquérir de leur situation “one two three viva l'Algérie”, tout en brandissant l'emblème national.